vendredi 12 janvier 2018

Vers la lumière (Naomi Kawase, 2017)

Ces derniers mois, les films sur le cinéma n'ont pas été rares, entre Le Redoutable et Barbara en passant par les documentaires Cinéma mon amour ou Nothingwood jusqu'à Lumières d'été de Jean-Gabriel Périot tourné au Japon, chacun avait un œil sur le passé. Naomi Kawase dans Vers la lumière (tiens, on aime le mot lumière, pas vrai Louis ?) se lance dans une niche du film de cinéma, un sujet inédit, l'audio-description. Un procédé qui se fabrique en post production pour que les mal-voyants et les aveugles puissent « voir » un film grâce à un commentaire audio.

Traditionnellement, c'est par une description du film dans le film (une variation de mélodrame amoureux entre deux personnes âgées, la fin d'un amour, une statue de sable d'une femme nue), une voix, celle de Misako (Ayame Misaki), une jeune femme à l'élocution douce qui décrit ce qu'elle voit sur l'écran pour quelques aveugles qui doivent donner leur avis sur la manière dont ils ressentent ce film qu'ils ne voient pas. Tous sont gentils (la fameuse courtoisie japonaise) avec Mademoiselle Misako.

Tous sauf Nakamori (Masatoshi Nagase), il estime qu'elle donne beaucoup trop son avis, comme si elle faisait une critique du film, privant les spectateurs de leur opinion. Le ton de Nakamori est dur, loin des sourires des autres participants à ces rencontres pour améliorer le travail d'audio-description. Nakamori, on l'apprend petit à petit, est un photographe ou plutôt ce qui en reste. Il est en train de devenir aveugle, Naomi Kawase filme, franchement naïvement, son point de vue, ce cadre obstrué qui ne laisse apparaître presque rien de l'image.

En revanche, ce que la cinéaste filme ce sont les visages dont elle se rapproche de plus en plus, reprenant à son compte la formule que « les visages sont des paysages ». Quant aux paysages, ils disparaissent de l'image, ils prennent corps uniquement dans les dialogues, dans ces audio-descriptions qui n'est pas sans rappeler certaines manières de flashbacks, sans images mais uniquement en dialogues. Le film n'est pas trop long mais il est moins agréable que Les Délices de Tokyo.

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