mardi 9 janvier 2018

Ricky Bobby, roi du circuit (Adam McKay, 2006)

Genèse de Ricky Bobby : avant même sa naissance, il est placé sous le signe de la vitesse. Au volant de sa voiture de sport – qu'il conservera pendant tout le film, son père Reese Bobby (Gary Cole) file à 170 km/h sur une route de campagne de nuit, à l'arrière sa mère Lucy Bobby (Jane Lynch), enceinte à terme. Ils dépassent l'hôpital, le père freine et le bébé naît. A cinq ans, Bobby ne réclame qu'une seule chose « je veux aller vite ». Pendant que sa maman achète du lait, il s'empare du volant et fonce sur les routes, l'enfant hurle « je vais vite ». A 11 ans, à l'école, le jour où les pères viennent expliquer leur métier, Reese, qui a abandonné sa femme et leur fils depuis dix ans, débarque dans la classe en racontant que conduire vite permet de gagner plein de fric et de draguer toutes les nanas. Applaudissements des élèves et regard navré de l'institutrice.

Will Ferrell, acteur de génie, aurait très bien pu jouer Bobby Ricky jeune mais il se contente de l'incarner adulte, un homme qui a toujours poursuivi un but unique, celui que lui énoncé ce père absent depuis toujours la dernière fois qu'ils se sont vus à l'école « si tu n'es pas le premier, tu es le dernier ». ce but, une seule manière de l'atteindre, une sorte de rêve américain qu'il partage avec Cal Naughton Jr (John C. Reilly) son meilleur ami depuis l'enfance est de bosser dans le NASCAR. Pas pilote, seulement mécanicien pour un sponsor tocard (une boîte d'alcool de malt). Mais quand le pilote déclare forfait par paresse, Ricky Bobby devient le roi du circuit. Enfin, il peut aller vite, très vite. Effectivement, le récit s'accélère au rythme des courses, Ricky espère que son père viendra un jour le voir et il réserve deux billets au guichet pour lui, Reese ne viendra jamais.

Le succès sur les pistes du NASCAR provoquent des changements dans la vie de Ricky Bobby : il se marie avec une superbe blonde Carley (Leslie Bibb) qui lui donne deux enfants (incroyable scène du bénédicité où le repas est composé de junk food, où la prière est infantile et stupide et où les deux gamins insultent le grand-père), il gagne toutes les courses et gagne beaucoup de pognon en faisant de la pub tandis que Cal doit se contenter d'être le second de la course, les deux amis sortant à chaque occasion leur rengaine sur leur amitié éternelle par un « shake 'n bake ». Une amitié où Ricky domine Cal. Adam McKay décrit une société où les crétins règnent en maîtres sur les Etats-Unis, ici les états du sud, la violence , l'ignorance, la bigoterie, tout est passé à la moulinette dans une description à la fois réaliste (et souvent surréaliste) et absurde de ces winners : une Amérique dégénérée, un cauchemar américain.


Le scénario de Ricky Bobby roi du circuit est un décalque de celui de La Légende de Ron Burgundy présentateur vedette. Après avoir vécu la belle vie, il se voit confronter à un adversaire de taille, non pas une femme comme à la télé de San Diego, mais un homme, français et gay, Jean Girard (Sacha Baron Cohen) avec un accent français à couper au couteau. Ce pilote va détrôner Ricky, causer sa séparation d'avec Carley qui se met avec Cal et amorcer la fin de son succès. Pourris gâtés, Ricky et ses deux sales gosses se retrouvent chez sa mère Lucy qui va tout faire pour les rééduquer, là le film commence à patiner dans un retour moral : bonne éducation, respect familial, amour de son prochain, nouveau couple pour Ricky avec sa gentille assistante Susan (Amy Adams). Si ce retour moral est l'objet de critiques par Adam McKay et Will Ferrell, scénaristes du film, il demeure bien moins drôle, percutant et novateur.






















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