mardi 14 novembre 2017

La Grande bagarre de Don Camillo (Carmine Gallone, 1955)


Cette troisième aventure a deux titres bien distincts, l’italien associe pour la première fois Don Camillo et Peppone en offrant à ce dernier l’adjectif onorevole, l’honorable. C’est que le début de La Grande bagarre de Don Camillo voit une nouvelle campagne électorale prendre corps dans le village. Non pour briguer un nouveau mandat de maire mais pour être député. Peppone a toutes ses chances, il est très populaire (même l’opposition municipale regretterait son départ) malgré ses soudaines colères et sa sale habitude de décider à la place des autres.

Le Parti dépêche au village un conseiller en communication, en l'occurrence une conseillère, une jeune femme dynamique et charmante qui va attirer tous les hommes aux meetings, ce qui rend furieuse de jalousie l'épouse de Peppone (elle menace de le quitter). Mais ce qui manque au maire (la vieille institutrice l'avait appris dans le premier film) c'est son certificat d'études. Ses camarades le font réviser, il connaît tout sur le bout des doigts même le théorème de Pythagore. Il va réussir mais les sujets ne l'inspirent guère.

Faire échouer un futur député, impossible pensent les examinateurs. Don Camillo aimerait tant qu'il rate son certificat d'études, mais l'arrivée du petit Lénine, le dernier né de Peppone, le pousse à un peu tricher et à donner au maire la solution à ce problème de robinet qui s'écoule. Pour la composition écrite, Peppone doit parler d'un « homme que vous n'oublierez pas ». Mais qui donc, se demande-t-il en se grattant la tête, mais cet homme est forcément le curé lui répond Don Camillo non sans absence de modestie.

C'est dans La Grande bagarre de Don Camillo à l'occasion de cette rédaction que l'on découvre comment les deux ennemis intimes se sont rencontrés pour la première fois. Peppone était un résistant communiste et Camillo un curé de campagne barbu. La cocasserie de la scène de flash-back vient du contraste entre ce que l'on voit à l'image et ce qu'écrit Peppone. Il se donne dans sa rédaction le beau rôle mais la scène le montre un peu veule, pas aussi courageux que Don Camillo. Où est la vérité ? Dans les images ou dans la légende ?

Ce passé ressurgit dans le récit avec ce tank caché dans la ferme d'un homme de Peppone, un métayer qui continue d'occuper une ferme qui ne lui appartient pas. Là, on comprend que le tank n'est pas de l'Allemagne nazie (les occupants) mais des USA (les libérateurs). Tous les deux se promènent dans ce tank pendant la nuit, jusqu'à ce qu'un obus s'échappe du canon, par une grande maladresse de Peppone, et qu'il atteigne la colombe installée au milieu du village. Evidemment, les communistes se demandent qui sont les auteurs de cet ignoble attentat.


Les bisbilles entre les deux camps sont gentilles. Le curé sabote l'affiche électorale de Peppone (il maquille le maire en diable). Mesure de rétorsion : le maire fait voler les poules que Don Camillo élève dans sa cour. Ce sont essentiellement les rapports au catholicisme qui sont développés, la manière adoptée par Peppone pour venir prier en secret dans l'église. Prier la Sainte-Vierge pour gagner les élections législatives. Il va gagner même si Don Camillo exhorte Jésus, qui refuse d'intervenir, à le faire perdre. Parce qu'il veut garder son maire adoré au village.


















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