mercredi 30 août 2017

Taekwondo (Marco Berger, 2016)

Neuf mecs autour d'une piscine en plein été, combien de possibilités ? Pour Fernando dit Fer (Lucas Papa), le propriétaire des lieux (enfin ses parents partis en vacances et qui laissent la maison au grand fiston), c'est l'occasion d'inviter un de ses collègues de l'équipe de taekwondo où il s’entraîne à Buenos-Aeres, le prénommé German (Gabriel Epstein). Ce dernier parcourt, son sac sur le dos, les derniers mètres qui séparent la station de bus de la maison accompagné de Fer, en short, torse nu.

Il s'agit de présenter maintenant les sept amis de Fernando et c'est un défi pour Marco Berger qui s'était habitué jusque là à se concentrer sur uniquement deux personnages. Pour cela, il s'est associé avec Martin Farina, jeune réalisateur argentin qui avait filmé, pour un documentaire, son frère aîné et ses potes d'une équipe de football. Finalement, c'est à ça que j'ai pensé (à cause du titre aussi), une bande de sportifs au repos entre vestiaires et repos.

Les deux cinéastes commencent tout simplement par faire visiter la maison à German, sous son regard étonné de voir la plupart des gars sont encore endormis, deux ou trois par chambre, avachis en slip et caleçon sur les matelas. L'extraverti Lucho vient prendre son petit déjeuner dans la cuisine la queue en l'air. German, plus tard, appellera un de ses amis en expliquant qu'il n'en croyait pas ses yeux tout en se demandant, et espérant, que Fer soit gay.

Car bien entendu, comme dans ses films précédents, Marco Berger entre ce premier plan où Fernando et German ne sont qu'un duo parmi tous les autres et le dernier plan (que l'on espère et attend) où Fer dit enfin à German « Je peux t'embrasser ? » et qu'ils s'embrassent tandis que la nuit tombe, il se passe plusieurs jours où German ne sait pas vraiment comment agir, comment faire pour enfin arriver à sortir avec Fernando, dont il ne sait même pas s'il est, lui aussi, gay.

Les amis de Fernando, ces sept potes accueillent avec bienveillance German, mais ils ne feront rien pour lui faciliter la tâche. C'est même un peu le contraire. German observe la troupe avec attention, analyse chaque comportement et il remarque la grande liberté établie entre eux, surtout la décontraction avec laquelle ils laissent vivre leur corps. Pas une once de fausse pudeur chez eux, d'ailleurs Marco Berger n'avait jamais autant filmé ainsi les corps totalement nus, et il ne s'en prive pas, bien au contraire.

Comme à son habitude, le récit ne subit pas de crescendo qui ferait avancer la narration. Les activités sont réduites : piscine, manger, dormir, sortir le soir, parler des filles, de leurs conquêtes. German écoute sans n'avoir rien à raconter, Fernando ne dit pas grand chose non plus, mais il compte quand même sur ses potes pour lancer des perches à German, qui se trouve un peu dans la position du spectateur passif, il avance à vue et se réfugie souvent dans la salle de bains.

Avec un si grand nombre de personnages, des vitelloni argentins, il se crée souvent quelques tensions, des jalousies jaillissent (l'un d'eux semble deviner ce qui se trame et cherche à écarter Ger de Fer). Mais en substance, ce que dit Taekwondo est que rien ne ressemble plus un mec nu qu'un autre mec nu et que le désir, c'est exactement la même chose et il suffit que les obstacles devant Fer rentrent chez eux pour que Ger tombe dans ses bras.


















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