dimanche 27 août 2017

Massacre à la tronçonneuse (Tobe Hooper, 1974)

Récemment, Tobe Hooper, décédé hier à l'âge de 74 ans, faisait l'actualité par défaut. Le cinéaste John Leonetti, assistant du chef opérateur en 1982 sur Poltergeist, a confirmé ce que beaucoup pensaient, Steven Spielberg était le réel metteur en scène de Poltergeist et non Tobe Hooper. Tout cela pour des questions de corporatisme, quelques articles expliquent en substance cette histoire. Ceci étant, le cinéaste laisse un seul film à la postérité, Massacre à la tronçonneuse (je dis cela, mais je n'ai vu aucun autre de ses films, à part Poltergeist).

Massacre à la tronçonneuse commence par une longue annonce, vaguement pompeuse et péremptoire, qui explique que ce que l'on va voir est tiré de faits réels. D'ailleurs, tout se passe le 8 août 1973 indique un carton. Mais avant que le générique ne commence où le titre et les noms défilent sur un fond rouge sang, Tobe Hooper amorce l'horreur auquel le spectateur doit s'attendre avec des plans en insert, des flashes sur un corps en décomposition puis en un long travelling arrière, deux macchabées fraîchement déterrés dans un cimetière.

Au fin fond du Texas, là où les tombes de ce cimetière ont été profanées, cinq jeunes gens viennent faire une virée. Deux filles, Pam (Teri McNinn), Sally (Marilyn Burns) et trois hommes, Franklin (Paul A. Partain), le frère handicapé de Sally, Jerry (Allen Danziger), le conducteur du camping-car qui les mène là et Kirk (William Vail), le petit ami de Pam. Ils sont insouciants et se rendent dans la maison familiale de Franklin, une ruine en vérité. Tout l'inverse de la maison la plus proche, joliment peinte en blanc, un havre de paix sûrement.

On les avait prévenus « Des choses se passent ici, j'ai vu des choses » dit un Texan bien imbibé, se roulant par terre, quand les amis visitent la tombe du grand-père de l'un d'eux, mais ils continuent leur virée. Sally, dans le véhicule, lisait l'horoscope et les signes étaient mauvais. Ça sent une horrible odeur de bouse. Et Franklin devient, sous l'effet terrible de la chaleur, délirant, il parle avec ferveur de l'abattage des veaux, vaches et bœufs. Ils passent devant un immense abattoir et Franklin mime les gestes et décrit les méthodes des bouchers, masse ou pistolet.

Tiens un auto-stoppeur (Edwin Neal) au bord de la route, il grimpe dans le camion, Franklin le surnomme tout de suite Dracula, il a une grosse tache rouge sur la joue droite, un sac en peau d'animal autour du coup. Il demande à Franklin son canif, avec sa voix hachée, peu sûre, en tournant sans cesse la tête, agité comme c'est pas possible, et commence à se taillader la paume gauche. Puis tranche le bras du handicapé. Viré du camion, il frappe du pied la carrosserie et la badigeonne de son sang. Ce sera l'une des rares apparitions du sang dans le film.

Dans cette chaleur de ce coin perdu du Texas, Pam et Kirk veulent aller se baigner. Kirk est le premier personnage « vivant » (après ces deux cadavres déterrés) à apparaître. Le dos de sa chemise est complètement trempée par sa transpiration. Première apparition des fluides corporels, suivie par la pause pipi de Franklin qui fait dans une boîte de conserve et achevée par le sang de « Dracula » et Franklin. A ces fluides, on peut ajouter l'eau utilisée dans la station service par ce type au front proéminent pour nettoyer le pare-brise (une scène presque comique).

Il faut à peine 20 minutes, le temps d'une bobine de cinéma, à Tobe Hooper pour éliminer trois des cinq jeunes gens. Quelle idée de vouloir entrer dans cette belle maison blanche qui cache bien son jeu. Ils sont reçus par Leatherface (Gunnar Hansen) et ses petits grognements (le seul à ne pas parler). Kirk est le premier à y passer, un coup de massue sur le crâne, Pam le suit plantée à un croc de boucher puis mise dans le congélateur vivante et ça continue avec Jerry. Seul Franklin, dans une scène de nuit, qui sera massacré avec la tronçonneuse de Leatherface.

Le destin de Sally, dans la dernière partie permet de visiter un peu plus la maison jonchée d'os et de plumes. Merveilleux mobilier, canapé aux accoudoirs confectionnés avec des bouts de squelettes, les crânes d'animaux servent de tableaux, et là, une poule vivante est suspendue dans une cage. Sally réussit à s'échapper des griffes de Leatherface et file à la station service où le patron (Jim Siedow) se veut rassurant et va la protéger. Pauvre Sally, elle comprend trop tard son sort quand débarque le jeune auto-stoppeur qui se fait engueuler et frapper par le patron « je t'avais dit de surveiller ton frère ».

La famille ne serait pas complète sans le grand-père (John Dugan), sorte de momie, assis dans un fauteuil face à son épouse naturalisée, comme les autres animaux de la maison. Sally pensait qu'il était mort mais non, il n'est pas comme la mère de Norman Bates dans Psychose auquel on pense forcément, c'est lui qui a initié ses fils à ces belles traditions texanes, un sud profond aussi accueillant et réjouissant que celui du Deliverance de John Boorman. Comme beaucoup de mes amis, je considère Massacre à la tronçonneuse comme un chef d’œuvre, LE film de Tobe Hooper.



















Mon DVD est très vieux, les captures d'écran sont très ternes.

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