jeudi 24 août 2017

Le Cancre (Paul Vecchiali, 2016)

C'est l'histoire d'un père et d'un fils, Rodolphe et Laurent, respectivement joués par Paul Vecchiali et Pascal Cervo. Une histoire sur 10 ans, commencée au printemps 2007 dans la grande maison du père entourée d'un jardin. Le fils n'a pas vu son père depuis des années et il s'installe chez lui, au rez-de-chaussée, dans son gourbi comme dit le père. Lui, loge au second étage. Et les voilà embarqués tous les deux dans la valse des souvenirs tandis que sur l'écran s'égraine le temps et que les femmes qui ont compté dans la vie de Rodolphe viennent lui rendre des comptes.

Ce sont chaque fois des bribes d'histoire qu'elles viennent raconter, de leur vie commune avec ce vieux monsieur qui aimait la bagatelle, elles ont été ses amoureuses, maîtresses, amantes, amies. C'est Christiane (Annie Cordy) qui est la première à ouvrir le bal, avec son grand sourire et sa joie de vivre. Ils ne sont pas vus depuis 20 ans. C'est Valentine (Françoise Lebrun) qui poursuit, venue annoncer qu'elle rentre dans les ordres, chez les Dominicaines. Puis Mimi (Françoise Arnoul) vient danser avec Laurent, elle mourra dans la maison.

On frappe au portail, voici Sarah (Edith Jacob) qui fait son apparition, vêtue en bonne sœur, elle vient donner une lettre à Rodolphe. Promesse qu'elle a fait à sa sœur Rachel qui était également religieuse et avec laquelle Rodolphe a volontiers couché. C'est ensuite Simone (Simone Tassimot) que Rodolphe va voir pour une raison bien précise. Arrivent dans la maison sa nièce Mathilde (Catherine Estrade) et sa fille, Mathilde est la fille de Simone. La nièce et sa fille entonnent une chanson pour l'oncle. C'est aussi Suzanne (Marianne Basler) la comptable.

Mais une seule femme occupe l'esprit de Rodolphe, c'est Marguerite. Où se trouve-t-elle ? Voilà l'unique question qu'il se pose. Valentine répondra « Marguerite ? Dans les champs ». Marguerite était le premier amour de Rodolphe, jadis, il y a bien longtemps, mais l'homme était coureur de jupons et il a couché avec la sœur de Marguerite, et il a eu un fils, ce Laurent. Marguerite n'arrive qu'en fin de film, en 2015, c'est Catherine Deneuve le temps de 3 plans qui l'incarne. Une dernière femme est présente, Danielle Darrieux avec un portrait d'elle sur le mur.

Ce sont de longues discussions qui s'animent (sauf pour le monologue de Catherine Deneuve) où le verbe et la phrase sont un enchantement pour l'oreille. Les dialogues sont truffés de jeux de mots, de trouvailles de langage sans que cela ne fasse des mots d'auteur, c'est d'autant plus remarquable. Une certaine désuétude de la parole est à l’œuvre dans Le Cancre qui n'est pas déplaisante et qui contraste avec les dialogues entre Rodolphe et Laurent, bien plus crus et triviaux. Car entre chaque rencontre de Paul Vecchiali et ses actrices, le film fait découvrir la vie entre le père et le fils.

Le père déteste la veste à capuche, ce sweat (prononcé sweet) que Laurent porte dans les trois quarts du film avant de revêtir une veste. « Tu as une petite amie » demande le père, « je n'aime plus les femmes » répond le fils. Dans son gourbi, il vit secrètement avec Pierre (Pierre Sénélas), sur la plage il rompt avec Alex (Raphaël Neal), dans sa cuisine il discute avec la père d'Alex (Mathieu Amalric) qui le supplie de tomber à nouveau amoureux de son fiston suicidaire. Laurent se saisit régulièrement du fusil quand un huissier débarque dans la demeure.

Du Paul Vecchiali pur jus avec ses élans poétiques et pleins de lyrisme, ses trois chansons entonnées, ses effets spéciaux bricolés (l'apparition de Catherine Deneuve sur la plage), ses noirceurs mélodramatiques (le bruit des cigales comme sommet de la douleur comme souffrait Pierre Blanchar dans Un carnet de bal dont le film est un « remake » inversé), le film est parfois un peu long, vaguement répétitif, mais souvent amusant, avec une dose d'humour caustique lancé par Paul Vecchiali arborant d'invraisemblables peignoirs.



















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