mardi 10 avril 2018

Marie Madeleine (Garth Davis, 2018) + Don't worry, he won't get far on foot (Gus Van Sant, 2018)


Rooney Mara Joaquin Phoenix, Joaquin Phoenis Rooney Mara. Comme je l'écris à longueur de texte sur ce blog, je ne suis pas le plus grand fan du jeu de Joaquin Phoenix et je ne m'intéresse pas à sa vie privée. C'est en lisant des critiques sur ces films que j'ai appris qu'il est en couple avec Rooney Mara. Me voilà donc à regarder l'un à la suite de l'autre ces deux films d'époque et en costumes. Marie Madeleine se passe dans les derniers temps de Jésus. Sur l'écran, il est écrit qu'on est en 33 (pendant Jésus donc) au cas où on l'ignorerait.

C'est bien Rooney Mara qui a le rôle principal (son nom est en premier). Elle est Marie Madeleine dans une petite communauté où son papa et son grand frère sont fort dépités de ne pas la voir marier. Le casting est français en partie et cause en anglais, peu importe. Tchéky Kario et Denis Ménochet vont tout faire pour empêcher Marie Madeleine de quitter la communauté et de suivre le Messie annoncé. Il faut un peu de temps pour ébaucher le contexte : la femme appartient à l'homme et doit se marier et enfanter (c'est ce que tout le monde lui serine).

Jésus avec sa belle barbe de quadragénaire et ses potes (mais quel âge ont donc les apôtres dans ce film, personne n'a lu les bouquins de Mordillat et Prieur?) viennent faire le job : annoncer la Bonne Nouvelle (les majuscules sont importantes) et baptiser ceux qui le méritent (ainsi ils renaissent). Le parcours de Jésus est ultra linéaire et le cinéaste s'attarde sur les épisodes les plus connus (la femme aveugle, Lazare). Ses deux meilleurs amis sont Judas (Tahar Rahim) et Pierre (Chiwetel Eijifor) mais Marie se verrait bien prendre leur place.

Ici, Joaquin Phoenix joue en mode modeste, sauf dans les scènes du miracle de Lazare et dans l'entrée du Temple de Jérusalem. Il débite, ainsi que ses comparses, quelques sermons et messages de paix. Le film est tiraillé entre une volonté réaliste telle qu'elle se fait dans le cinéma en costumes actuel (filmé sombre, les tenues des apôtres et Jésus sont vieilles après avoir tant marché) et une lecture plate des évangiles. Le film frôle par moment le pur nanar avec ce casting étonnant et ces dialogues pontifiants.

Le film de Gus Van Sant se déroule au début des années 1980 quand son personnage principal John Callahan (un film tiré de son autobiographie) commence à se joindre aux AA, les alcooliques anonymes. On reconnaît quelques visages Kim Gordon, Beth Ditto, Udo Kier, Mark Webber. Et Jonah Hill en riche héritier gay (les réunions se déroulent dans son immense demeure californienne) qui donne la parole successivement à chaque personne assise en cercle. Miracle, Joaquin Phoenix est sobre (rire) et ne prononce pas un mot pendant 10 minutes.

La question essentielle devant Don't worry he won't get far on foot est de savoir quel est le sujet. L'alcoolisme, le handicap ou encore le travail de caricaturiste ? Callahan arbore une arrogance dans son métier de dessinateur caricaturiste, il est un provocateur né. Ailleurs, il a maille à partir avec l'administration qui menace de supprimer la pension qu'il reçoit pour sa paraplégie. Avec les AA, il est également un arrogant, vaguement snob, mais les meilleures scènes du film sont les conversations au téléphone avec Jonah Hill.

Sans doute que le réel sujet du film est ailleurs, dans le montage du film (le générique crédite Gus Van Sant comme monteur) où le récit est déplié et replié comme dans un jeu de construction ou ce jeu pour enfants la cocotte en papier, passant d'un tranche de vie à une autre sans liaison apparente (comment il a eu son accident, comment il rencontre Rooney Mara, comment il cherche des journaux pour acheter ses dessins). On est là dans la veine classique du cinéaste sans recherche formelle apparente sauf ce pliage du récit.

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