mardi 6 mars 2018

La Femme et le pantin (Josef von Sternberg, 1935)

Le diable est une femme, tout un programme pour le septième et dernier film de Josef von Sternberg avec Marlene Dietrich. 40 ans plus tard, adapté du même livre de Pierre Louÿs, La Femme et le pantin, Luis Buñuel titrait son dernier film Cet obscur objet du désir. Le film procède d'une volonté de conclusion du personnage de femme forte, dominatrice, libre tel que l'a joué sept fois Marlene Dietrich, tantôt enfant gâté, tantôt femme fatale, toujours metteur en scène de sa vie, évidemment c'est pour cela que l'art du cabaret (L'Ange bleu, Cœurs brûlés, Vénus blonde et La Femme et le pantin) est au centre du récit, Marlene Dietrich chante deux chansons.

Pour la première fois, un flash-back est utilisé pour raconter l'histoire de Concha, jeune espagnole au début du siècle. Cela se déroule pendant le carnaval de Séville et Josef von Sternberg met les bouchées doubles, profusion de costumes, masques, serpentins et confettis. Au centre du carnaval, Concha est la vedette dans un char, assise au milieu de ballons gonflables, loup sur le visage. Elle observe et se sait observée. En face, au milieu de la foule, loin ou près, peu importe, un bel hidalgo croise ses yeux et cet homme, Antonio (Cesar Romero), à la fine moustache la suit jusque chez elle. Le film montrera que c'est Concha qui le précède et l'attire dans sa toile.

Elle lui donne rendez-vous plus tard, avec un petit sourire complice, sans pour l'instant avoir encore montré son visage, encore caché par son masque, mais aussi par la grille devant la fenêtre, autant d'obstacles qu'elle ne cesse de mettre entre elle et les hommes. En attendant, Antonio s'abrite dans un restaurant, il ne veut pas croiser la police, dirigée par le Gouverneur Paquito (Edward Everett Horton). Antonio est un révolutionnaire, un républicain, il risque de se faire emprisonner. Dans ce restaurant, il tombe sur une vieille connaissance, le capitaine Pasqual Costelar (Lionel Atwill) et lui explique qu'il a rendez-vous avec la plus belle femme de Séville.

Don Pasqual commence le long récit de sa vie avec Concha, pour être plus précis, l'absence de vie intime avec Concha. Il la rencontre dans une fabrique de cigarettes et contre un billet, il demande une cigarette. Elle en confectionne deux, la seconde est destinée à patienter. La patience, il ne reste que cela au capitaine. Concha réclame de l'argent pour l'entretenir, elle et sa mère, Pasqualito, comme elle le surnomme comme s'ils étaient dans une relation adolescente, obéit en silence, renfrogne sa colère et elle le laisse là pantois. Elle disparaît pendant des semaines et revient, fraîche comme une fleur, Pasqual retombe dans son piège.

Concha joue à l'enfant, comme le faisait Marlene Dietrich dans la partie russe de Agent X-27, une fillette capricieuse qui exige beaucoup de son bienfaiteur. C'est sans doute dans La Femme et le pantin que l'on trouve le plus d'humour de tous les films du duo. Difficile de ne pas sourire et d'être sidéré par son comportement égoïste quand elle nargue Pasqual en invitant chez elle Morenito (Don Alvarado), jeune toréador qui ne dira aucun mot pendant tout le film. Les mines boudeuses de Marlene Dietrich suivent des regards pleins de passion sur ces hommes qu'elle dompte, comme un combat de tauromachie, le film y fait plusieurs fois référence.


La maman de Concha n'est pas mal non plus pour manipuler son monde, tout comme la « sorcière », comme la nomme Pasqual, la patronne du cabaret où travaille Concha qui ricane à chaque phrase. Pasqual va racheter son contrat pensant qu'il a enfin la main sur sa belle. Il n'en sera rien, elle le mène encore et toujours par le bout du nez. C'est la répétition des renvois de Pasqual qui est drôle, ce que les hommes peuvent être idiots, mais jamais elle n'embrassera ces idiots que sont Pasqual, Antonio et le gouverneur Paquito dont on apprendra, avec grand étonnement, qu'il est lui aussi l'un des amants de Concha. Elle est libre et sans hommes, définitivement.





























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