lundi 12 mars 2018

La Caméra de Claire (Hong Sang-soo, 2016) + Eva (Benoît Jacquot, 2018)


Deux prénoms, Claire ou Eva, pour deux personnages joués par Isabelle Huppert dans deux films sortis cette semaine. Elle avait déjà tourné avec Hong Sang-soo, en Corée, cette fois tout se passe dans des petites rues de Cannes en 2016. Le cinéaste n'avait pas de film en compétition au Festival cette année-là mais dans le premier plan on distingue l'affiche de son film Yourself and yours, il était présent au marché du film. Voilà pour le décor, quelques rues piétonnes, un bureau, des terrasses de café ou des terrasses privées.

Le petit monde de Hong Sang-soo se concentre autour de l'appareil photo de Claire (faux ami qu'est le mot anglais camera), elle prend en photo l'employée du bureau et un réalisateur alcoolique. Elle navigue entre les deux dans une analyse de leur déconfiture sentimentale. Tout le monde se parle en anglais, parfois balbutiant comme un écho de leur perte de repères. Ça ne dure que 69 minutes, c'est charmant, très oubliable, vachement moins amusant que Another country, la première fois où Isabelle Huppert a envahi l'univers de Hong Sang-soo. Il faut aimer les zooms.

Chez Benoît Jacquot, Isabelle Huppert est une habituée, depuis Les Ailes de la colombe en 1981. Eva, distribué par EuropaCorp (Benoît Jacquot avait une silhouette dans le Valérian de Luc Besson) vante dans sa bande annonce un film avec le César de la Meilleure actrice 2017 et du Meilleur acteur 2017, Gaspard Ulliel. Le début de Eva rappelle l'épouvantable Un homme idéal avec Pierre Niney (le vol d'un script va apporter la renommée littéraire). Pour rappel, Pierre Niney jouait un déménageur (rires dans la salle), ici Gaspard Ulliel incarne un jeune prostitué.

Eva se déroule essentiellement à Annecy, c'est dans un casino que le faux écrivain rencontre Eva, une call-girl qui l'intrigue et il va retranscrire leur relation pour une nouvelle pièce que son imprésario attend depuis des lustres. Le film joue sur l'hyper activité d'Isabelle Huppert (toute en vitesse) et l'ultra lenteur de Gaspard Ulliel, une habitude chez Benoît Jacquot, cette dichotomie entre la force de la femme et la faiblesse de l'homme. On est tout de même à des lustres de Paul Verhoeven et son Elle. Alors Eva ou Claire, c'est la (petite) semaine d'Isabelle Huppert.

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