dimanche 4 mars 2018

J'ai aussi regardé ces films nominés aux Oscars


Je ne vais pas regarder la cérémonie des Oscars, j'ai essayé une fois et je trouve ça trop long, trop guindé et trop coupé par les publicités. Cette année, neuf films sont nominés pour le meilleur film. J'ai déjà dit tout le bien que je pensais de Get out qui aura j'espère quelques petites statuettes. J'ai déjà écrit sur Dunkerque, Les Heures sombres et Three billboards et je n'ai toujours rien à dire sur Pentagon papers. Depuis quelques années, certains films sortent en France dans les semaines précédents les Oscars, sans doute des distributeurs pensent que ça peut booster les ventes. C'est ce qui était arrivé à Slumdog milionaire, le navet de Danny Boyle était sorti dans l'indifférence générale, je l'avais vu dans une salle vide, dès le lendemain de son Oscar, le film attirait de nombreux spectateurs.

Call me by your name (Luca Guadagnino, 2017)
Le soleil d'été de l'Italie en 1983 est propice aux premières amours. Thimothée Chalamet parle trois langues, l'italien avec son père, le français avec sa mère (il a sans doute écrit lui-même les répliques, traduction littérale de I'm angry with you par je suis en colère avec toi...) et l'anglais avec l'étudiant américain dont il tombe amoureux. L'année 1983, ce sont des shorts courts et des chemises mi-longues, un kitsch esthétique que Armie Hammer porte avec ironie. Call me by your name est le plus long film sur les préliminaires jamais tourné. Le cinéaste filme essentiellement des gestes, des pieds qui se touchent, des mains qui s'effleurent, des torses qui bronzent, la main de l'ado qui agrippe les couilles de l'étudiant. La critique française reproche au film sa superficialité et aussi de ne voir aucune scène de cul, la belle affaire, si c'est pour avoir les mêmes scènes faussement sensuelles (je vise celle de 120 BPM), autant ne rien filmer. Le film est un journal intime d'un adolescent, il est censé avoir 17 ans, et cet été, il se l'invente, le valorise avec naïveté, comme le ferait n'importe ado amoureux d'un homme pour la première fois.

La Forme de l'eau (Guillermo Del Toro, 2017)
J'ai absolument tout détesté dans La Forme de l'eau. Je n'aime pas ces couleurs qui me rappellent les hideux derniers films de Terry Gilliam ou de Jean-Pierre Jeunet, du verdâtre, du jaunasse. Pour palier l'absence de dialogues du personnage féminin principal qui est muette, il rend son voisin (ou co-locataire, je ne sais même pas) un bavard impénitent. Le méchant de service est encore une fois attribué à Michael Shannon. Les gens vivent au-dessus d'un cinéma pratiquement vide sans que ça ne serve à quelque chose, cela aurait pu inspirer le duo qui veut libérer ce Dieu amazonien. Ça parle de désir sexuel et de société de consommation, de la guerre froide et de l'homosexualité, tout est empilé comme dans un diplomate, ces gâteaux étouffe-chrétien trop riches et écœurants. Alexandre Desplat est nominé pour un Oscar compose une musique pompière

Lady bird (Greta Gerwig, 2017)
En moins de 3 minutes, Greta Gerwig présente tous ses personnages et l'enjeu de son premier film. Une discussion dans une voiture entre Lady Bird (Saoirse Ronan) et sa mère (Laurie Metcalf, la très conservatrice maman de Sheldon Cooper dans The Big bang theory). Dans ce champ contre-champ, on apprend que Lady Bird s'appelle en vérité Christine mais qu'elle déteste son prénom. Qu'on est en 2002 « le seul truc intéressant de 2002 c'est que c'est un palindrome », mot d'auteur, le premier d'une longue série. Que le père risque de se retrouver au chômage, que la famille est catholique, qu'ils habitent à Sacramento, capitale de la Californie qu'elle veut quitter pour aller étudier à New York. Qu'elle vit avec son frère et la petite amie de se dernier et qu'ils bossent dans une épicerie, alors que Lady Bird ne fait rien au lycée. Il reste encore 90 minutes à tenir jusqu'à son arrivée à New York, il ne reste plus qu'à broder. Elle se casse le bras et serre la main (l'un des leitmotive de sa personnalité). Elle va tomber amoureuse de deux gars, le premier (Lucas Hedges) aime le théâtre et se révélera forcément gay, le deuxième (Thimothée Chalamet) se présente comme un rebelle à la société, il sera très conformiste. Elle a deux amies, la première est rondouillarde mais sympa, la deuxième est svelte mais pimbêche. Mais va-t-elle parvenir à faire de bons choix ou continuer de se tromper dans sa vie ?

Phantom thread (Paul Thomas Anderson, 2017)
Tous les films de PTA sont des cathédrales dans lesquelles il faut rentrer en silence et observer les sermons de l’évêque. Cette fois, Daniel Day Lewis revient à la charge, ce qui est déjà mieux que Joaquin Phoenix. Le décor est une maison de mode prestigieuse dans les années 1950 à Londres où le rituel est minutieusement détaillé, la voilà la nouvelle cathédrale du cinéaste. A côté du couturier, sa sœur Cyril, gardienne du temple qui voit débarquer un jour une jeune femme, serveuse de petit déjeuner (encore un autre rituel immuable décrit dans ses moindres détails). Cyril est là pour maintenir l'orthodoxie de la vie de son frangin et la nouvelle petite amie va chercher en prendre corps au milieu de ces rituels. C'est par petites touches, encore plus que dans ses précédents films que PTA évoque ces changements, du cinéma impressionniste (comme la peinture). La musique est superbe.

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