jeudi 18 janvier 2018

Miracle mile (Steve De Jarnatt, 1988)

Avant de voir Miracle mile, je n'avais jamais entendu parler de ce film ni de son réalisateur Steve De Jarnatt. Tourné en 1987, sorti en 1989 ici ou là, oublié pendant 30 ans avant de revenir en juin dernier en salle en France et aujourd'hui en DVD, Miracle mile a un acteur connu dans son rôle principal, Anthony Edwards, second rôle important dans Top Gun sorti l'année précédant ce tournage et quelques années plus tard, il sera l'un des médecins de la série Urgences. Mine de rien, ça fait tout drôle de le voir avec tous ses cheveux.

Le film commence comme une comédie romantique (mettons à l'image de Recherche Susan désespéramment, archétype des romances de l'époque où les deux tourtereaux se rencontrent par hasard). Ici dans le musée d'histoire naturelle de Los Angeles. Harry Washello, costume bleu et lunettes rondes, se promène et suit du regard avant de la suivre tout court Julie Peters (Mare Winnigham), petite bonne femme pimpante vaguement baba cool. Le générique s'accompagne d'un petit film sur l'évolution, du big bang jusqu'à la civilisation.

Cette civilisation de 1988 est celle de la fin de mandat de Ronald Reagan dont on ne parle pas dans le film mais que tous ses personnages vivent : la fin de la guerre froide qui va revenir frapper au coin de la porte d'une cabine téléphonique. Il est est tard dans la nuit, vers 4 heures du matin, et Harry répond à ce téléphone qui sonne. Une voix angoissée explique que deux missile lancés depuis le Dakota du nord vont venir exploser dans une heure à Los Angeles. Evidemment, Harry n'y croit pas jusqu'à ce qu'il comprenne que cela pourrait être vrai.

Comment notre personnage est-il arrivé à 4 heures du matin devant cette cabine téléphonique qui annonce l'apocalypse ? Par une simple accumulation de contre-temps. Julie voulait passer du temps avec son grand-père, conséquence, elle donne rendez-vous à Harry plus tard, puis elle recule encore le rendez-vous, ils se verront à minuit et quart devant le restaurant typiquement américain le Johnie's. Pas de chance pour Harry qui a décidé de faire une sieste, son réveil ne sonne pas et il se lève avec trois heures de retard.

Le compte à rebours commence, celui de la fin du monde. L'une des choses remarquables dans Miracle mile est de filmer toute cette civilisation qui va disparaître avec l'explosion des deux bombes atomiques. Le très ancien comme ces mammouths du muséum mais aussi toutes ces enseignes lumineuses, ces néons, ces publicités sur les bâtiments et les commerces qui font la particularité de la ville que le cinéaste filme abondement et ces horloges qui tournent affirmant l'inexorabilité de l'apocalypse.

Dans le restaurant, un diner classique où la serveuse (O-Lan Jones, vue plusieurs fois dans des films de Tim Burton) sert du café infect aux clients avec lassitude, les clients discutent de tout et de rien autour du comptoir en forme de L tandis que le chef cuistot (Robert DoQui, le chef de la police dans Robocop) s'affole de l'arrivée de Harry et de son discours incohérent. Encore que personne ne veut l'écouter, ni l'executive woman au volumineux téléphone portable, ni les deux éboueurs, ni l'homme soûl qui discute avec un travesti.

Là encore Steve De Jarnatt prend un soin tout particulier à diversifier ses personnages et à surtout à ne pas chercher à les caricaturer, ils forment un Los Angeles où l'on ne dort jamais (et ce sera encore plus vrai dans une scène ultérieure où Harry et Julie rentrent dans un centre de remise en forme où l'on fait de la muscu ou de l'aérobic à 5 heures du matin). Ils finissent par se laisser convaincre par Harry que deux missiles approchent et qu'il faut fuir au plus vite dans une confusion des dialogues qui n'est pas sans rappeler la verve de Howard Hawks.


Le film entre alors dans sa dernière phase qui consiste à filmer cette dernière heure de vie. Elle se résume pour Harry à retrouver Julie qui habite dans un autre quartier. Il faut donc trouver un véhicule. C'est une course poursuite où les embûches pour se pauvre Harry ne cessent de s’accumuler dans un comique forcément tragique. Le comique est accentué par l'ignorance de Julie de la guerre nucléaire (on ne saura jamais pourquoi elle a lieu) et le tragique avec un finale comme on n'en verra plus jamais dans aucun film américain et marqua la fin de la carrière du cinéaste.




























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