samedi 30 décembre 2017

J'ai aussi regardé ces films en décembre

Star Wars, les derniers Jedi (Rian Johnson, 2017)
Quoi de neuf dans ce nouveau Star Wars ? (On en a un maintenant un par an, c'est trop). Des nouveaux animaux créatures destinées à faire des peluches pour vendre à Noël : des espèces de mogwai sur l'île de Luke Skywalker, animaux de compagnie du dernier Jedi tous mignons, presque inspirés de l'univers de Hayao Miyazaki. Mais aussi, une variation de tamanoir géant que Luke trait comme une chèvre. Oui, il faut bien se nourrir dans les Star Wars. En fin de film, sur une planète glacée, Leia et ses amis rebelles sont sauvés par des chiens de glace. Comme au bon vieux temps de George Lucas (quand j'écris « bon », j'ironise), trois récits parallèles se superposent. Sur l'île de Luke où il subit les assiduités de Rey qui rêve de devenir Jedi. Tout cela est d'un ennui mortel, Rian Johnson se contente de filmer au drone l'île. Dans le vaisseau de Leia, la princesse doit contrôler l'impulsivité de Poe (il fournira la seule blague valable en traitant le général Hux de Hugs), mais son pote Finn se prend d'amitié pour une femme soldate (adieu les espoirs d'ouverture gay promis par J.J. Abrams). Enfin, le gros morceau est Kylo Ren, le fils d'Han Solo et Leia, esclave de Snoke (horrible motion capture). Adam Driver campe ce méchant qui se voit sans cesse comparé à Darth Vader, son grand-père qu'il n'a jamais connu. On peut se moquer de l'acteur qui en fait des tonnes, qui avance petit à petit découvert (il casse son masque, il se promène torse nu), mais il apporte cette fragilité qui fait tant défaut aux concurrents de Hollywood, les acteurs de Marvel et de DC Comics.

The Florida project (Sean Baker, 2017)
Le lumpen prolétariat américain de The Florida project ne vote, à mon avis, pas pour Donald Trump. En tout cas, les personnages ne portent pas d'armes, ne sont pas délinquants, ne sont pas racistes, ils sont gentils tout plein. Ils vivent dans des motels en périphérie du Disneyland d'Orlando, précisément sur l'avenue des Sept Nains. Sean Baker pense qu'il n'a pas besoin d'histoire pour faire tenir tous ces personnages en 100 minutes. Conséquence, c'est Willen Dafoe qui porte le film, coordonne les saynètes de cette chronique désenchantée. Il court d'appartement en appartement pour régler les soucis réguliers (les pannes, les engueulades, les loyers, le pédophile), tout ces événements de la vie quotidienne sont traités de la même manière. Les trois enfants, des petits espiègles innocents qui s'ennuient pendant l'été, font des bêtises, petites (mendier pour se payer une glace), grosses (incendier une maison vide) mais rien n'a de conséquence réelle. Seul cet incendie permet de relancer l'action, la dispute entre deux mamans débordées. Finalement, la vie du lumpen prolétariat américain a tout du feel good movie, on se croirait dans un Pixar, l'horreur !

Le Rire de Madame Lin (Zhang Tao, 2017)

Madame Lin a des cheveux blancs, des boucles d'oreille et trois enfants qui ne savent pas quoi faire d'elle. On est dans un coin reculé de la Chine, la maison familiale est bien modeste, la famille n'a pas vraiment le sou. Les enfants vont se charger chacun à leur tour de s'occuper de cette vieille mère qui bouge de moins en moins, parle de moins en moins, sourit de moins en moins, toujours filmée de l'intérieur (l'un des éléments formels de Zhang Tao). Soudain, elle se met à rire, un rire glacial et récurrent qui horripile sa fille qui décide d'installer cette mère dans la bergerie avec les bêtes. Puisqu'elle est traitée désormais comme un animal, elle bouffera de la mort au rat pour choisir sa mort et rappeler à ses enfants ingrats qu'elle n'est pas un animal mais une mère abandonnée. Ce rire est le dernier sursaut d'un société chinoise en déliquescence, où les traditions n'ont plus vraiment lieu d'être. Le film s'ouvre sur une cérémonie traditionnelle où madame Lin sourit et s'achève sur ses funérailles selon le rite taoïste où toute la famille s'en va reprendre sa vie dès qu'elle le peut, des funérailles de stricte circonstances sans émotion ni rire.

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