vendredi 15 décembre 2017

J'ai aussi regardé ces films en décembre

Le Crime de l'Orient Express (Kenneth Branagh, 2017)
Finalement, j'ai osé aller voir cette version de Kenneth Branagh. Son ambition est simple, faire comme la série Sherlock, dépoussiérer la version de Sidney Lumet. Ça commence à Jérusalem avec une démonstration du génie du détective, comme dans tous les films d'action où une mission impossible est déconnectée du reste du récit. Un récit qu'on connaît tous et qui ne change pas, sauf avec cette ouverture insensée à Jérusalem où Hercule Poirot (que ces ignares d'Américains appellent Hercules, sous-titré en français par Achille) prend le bateau pour aller à Istanbul, tiens, tiens, Jérusalem est au bord de la mer. Les paysages sont en numérique (atroce), il ajoute des scènes d'action et de baston d'un anachronisme qui rappelle les navets de Guy Ritchie. Radin, Kenneth Branagh ne laisse pas à ses partenaires la moindre chance de s'amuser. Comme eux, on s'ennuie ferme.

Santa & Cie (Alain Chabat, 2017)
La première séquence dans le pays de Santa Claus est un hommage amusant et réussi à la mécanique de Tim Burton (entre Charlie et la chocolaterie et L'Etrange Noël de Mr. Jack). Puis, c'est l'arrivée à Paris. Alain Chabat joue sur la candeur de son Père Noël exactement comme l'avaient fait les Inconnus avec Les Rois mages en 2001. Santa découvre les codes de vie humaine, en total décalage avec ce qu'il imaginait, soit l'opposition frontale entre le réalisme et le Merveilleux. Assez vite, un problème de taille plombe le film. Les jeux de Pio Marmaï et Golshifteh Farahani sont épuisants, ils débitent leurs répliques à toute vitesse et gesticulent sans cesse (ben ouais, la comédie c'est la vitesse) quand Alain Chabat prend son temps et décline sa nonchalance. Dernier défaut, les troisièmes rôles (et pendant ce temps à Vera Cruz) des deux flics sont complètement sacrifiés et leur pouvoir comique expédié en trois scènes, dommage.

Bienvenue à Suburbicon (George Clooney, 2017)

Les moments les plus intéressants sont en sourdine, ces interviews de Blancs diffusé à la télévision où leur racisme appelle à la poursuite de la ségrégation. Leurs raisons font écho à la campagne de Donald Trump et des soutiens suprémacistes. Pour George Clooney et ses quatre scénaristes (dont Joel et Ethan Coen), c'est un moyen de parler différemment du Black Live Matters, une méthode moins édifiante que Loving de Jeff Nichols ou Selma de Ava DuVernay. Les séquences terrifiantes du harcèlement de la famille afro-américaine installée dans ce lotissement chic et totalement blanc sont fortes. Grosso-modo, il est énoncé que les crimes de Matt Damon et Julianne Moore passent inaperçus tant que les autres sont occupés à martyriser des innocents. On peut en conclure que Bienvenue à Suburbicon est un film sur l'injustice érigée comme loi. Seulement voilà, entre la fiction politique et le film noir comique, la greffe est laborieusement mise en place. Oscar Isaac imite George Clooney à la perfection.

Aucun commentaire: