mercredi 15 novembre 2017

J'ai aussi regardé ces films en novembre

M (Sara Forestier, 2017)
En 2003, Sara Forestier jouait dans L'Esquive une lycéenne de 17 ans, en 2017 dans M sa première mise en scène de cinéma, Sara Forestier joue une lycéenne de 17 ans. Mais cette fois, elle bégaye ni sur un mode tragique ni sur un mode comique. Son film parle des mots, des maux, de Mo, le personnage masculin qui ne sait pas lire quand elle ne sait pas parler. Un peu de poétique du pauvre (on vit dans une roulotte), un peu de social (la mixité), un peu de sensualité. Parfait pour un court-métrage ici étendu pendant 100 minutes.

D'après une histoire vraie (Roman Polanski, 2017)
Si l'on parvient (de moins en moins) à séparer l'homme qui traîne des casseroles de viol avec l'artiste, alors on peut dire que ce dernier film est une merde. Tourné avant Misery, il aurait été un thriller passionnant, on y trouve même une jambe dans le plâtre. Tourné avant Sixième sens, il aurait été un modèle de mise en scène. Assez vite, on remarque que le personnage de stalker que joue Eva Green ne parle qu'avec Emmanuelle Seigner, jamais avec d'autres personnages (il faut observer les deux scènes au café). Tourné après Ghost writer, on se rend compte qu'il n'a rien à dire de mieux sur la littérature.

Mise à mort du cerf sacré (Yorgos Lanthimos, 2017)
Cette année, à Cannes la compétition était entre cinéastes qui pomperaient le plus le style de Kubrick. Film gagnant, que des plans à la symétrie parfaite où les personnages sont précédés par une caméra à la steadycam dans les dédales d'un hôpital digne de l'hôtel Overlook. Symétrie de la famille, un papa, une maman, une fille, un fils. Le cinéaste grec est tellement obsédé par ses mouvements d'appareil et sa symétrie (ah ces recadrages à la Tavernier) qu'il en oublie seulement d'apporter le trouble et l'effroi nécessaires au personnage de Martin pour exister. Colin Farrell est encore plus mauvais que dans Les Proies.

A beautiful day (Lynne Ramsay, 2017)

La cinéaste écossaise est elle aussi une grande admiratrice de Stanley Kubrick, la séquence dans la résidence du gouverneur Williams en fin de film est à la fois un hommage à Shining et à 2001 l'odyssée de l'espace. Le slogan de l'affiche comme les deux prix cannois ne sont qu'un cache-misère, on voudrait la comparer à Scorsese, on est devant un Joel Schumacher. Joaquin Phoenix, plus histrion que jamais (il pleure – une seule larme, il cherche des bonbons verts, il vit chez maman) s'est fait la gueule de Mel Gibson. La mise en scène consiste à le montrer détaché de tout ce qui lui arrive (coucou Drive) mais criblé de souvenirs douloureux (bonjour Dr. Freud). Le film tape mollement sur la corruption des élites (un gouverneur et un sénateur sont pédophiles et s'échangent leurs filles), et quand je dis taper, c'est avec le marteau de Joaquin Phoenix.

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