lundi 16 octobre 2017

J'ai aussi regardé ces films en octobre

L'Atelier (Laurent Cantet, 2017)
Comme d'habitude, Marina Foïs est très bien. Dans ce rôle d'écrivaine parisienne, elle joue à merveille de son petit air dédaigneux quand elle cause littérature et écriture avec ces jeunes gens à l'accent chantant de La Ciotat. C'est d'abord une histoire de niveaux de langage, de posture, de refus de communiquer et de travailler ensemble, de s'écouter, de regards fuyants. Un chouia de racines, un tantinet d'histoire des chantiers navals de la ville et un meurtre à la kalachnikov. Jamais on n'apprendra quoi que ce soit de ces jeunes, le seul qui intéresse Robin Campillo et Laurent Cantet (ils fonctionnent en duo scénario ou réalisation et la construction de L'Atelier est très proche de 120 battements par minute) est Antoine (Matthieu Lucci) jeune adulte solitaire et fasciné par l'extrême droite identitaire et qu'ils prennent plaisir à dénuder à chaque occasion. Cette radicalisation est filmée comme l'autre radicalisation, celle des apprentis djihadistes (La Désintégration de Philippe Faucon étant le meilleur, Made in France de Nicolas Boukhrief le pire). Il joue avec son flingue comme symbole phallique dans un jeu de séduction avec l'écrivaine malsain et franchement peu assumé par le cinéaste. Personne ne triomphe, balle au centre.

Kingsman le cercle d'or (Matthew Vaughn, 2017)
Le film aurait pu me plaire, lors de la première course poursuite, on entend Let's Go Crazy de Prince in extenso, mais les courses poursuites fabriquées sous fond vert ou bleu, y a pas à chipoter, c'est très moche, ça ne vaut pas celles de Mission Impossible de Brian De Palma. Le film aurait pu me plaire, Channing Tatum joue dedans, il est même sur l'affiche. Il arrive au bout de 30 minutes, il reste un petit quart d'heure et là le scénario décide de le cryogéniser pour tout le reste du film (il a dû lire le scénario et partir vite fait tourner un vrai film). Le film aurait pu me plaire, Julian Moore joue dedans, elle est une prisonnière des années Happy Days. J'ai de plus en plus de mal à comprendre cette manie de mettre ces actrices en super méchantes dans des films d'action (Charlize Theron dans Fast and furious 8). Que dire de plus ? Dans la navrant ou le ringard, on trouve Jeff Bridges forcé de cabotiner le hillbilly de base (oh, oui, il crache), Elton John et ses costumes des années 70 ont été sortis de la naphtaline. Mais c'est évidemment là la démagogie et le cynisme de ce film, chercher un peu dans toutes les décennies ce qui existe de plus superficiel donc fédérateur pour plaire au plus grand nombre. Comme le dit Taron Egerton, avec son jeu approximatif mais terriblement poussif, « what the fuck ».

Coexister (Fabrice Eboué, 2017)

EuropaCorp et ses dirigeants exécutifs ont eu une réunion un soir, entre deux cocktails de Spritz et deux bouchées de macaron salé, l'un d'eux a eu une idée géniale. « Qu'est ce qu'on a fait au bon dieu a fait 12 millions d'entrées, la religion, le communautarisme, les blagues racistes, ça marche au cinéma, à condition de faire rire l'abonné au Pass Pathé, MK2 et UGC, j'ai une super idée. » Et voilà comment Coexister est né. Pour un film EuropaCorp, c'est un chef d’œuvre, le récit prend son temps, trop parfois, le rythme est anormalement lent, les gags sont un peu tous les mêmes, ça critique mignonnement la religion. Il faut d'ailleurs se poser la question sur le fait que le personnage de Ramzy soit le seul à ne pas être un religieux, comme si n'importe quel musulman pouvait devenir un imam. La scène où les jeunes se lèvent tous quand il revêt l'habit de l'imam est d'ailleurs significatif de différence de traitement. Mais c'est pas grave, c'est juste du cinéma, comme dit Christian Clavier pour se dédouaner.

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