jeudi 17 août 2017

Hawaii (Marco Berger, 2013)

Troisième volet de sa trilogie du duo amoureux après Plan B et Absent (même si je ne suis pas certain que Marco Berger ait envisagé ses trois films ainsi), Hawaii ne se situe pas dans l'état insulaire américain mais dans la campagne argentine. Adieu la ville et bonjour une vieille maison entourée d'un large jardin. C'est l'été (donc dans l’hémisphère sud ils sont en plein mois de février), la piscine est prête pour rafraîchir Eugenio (Manuel Vignau, celui qui imaginait le plan B).

Binoclard brun, Eugenio est tout seul chez lui. Ecrivain en herbe, il prend sa douche puis son petit-déjeuner et commence à écrire sur son ordinateur. Il est tranquille et concentré avec son petit air sérieux et son regard dans le vide. En parallèle à la présentation sommaire mais suffisante d'Eugenio, Hawaii décrit le parcours de Martin dans cette ville. Blond, légèrement plus juvénile, Martin cherchait à retrouver une amie d'enfance, qui depuis a déménagé.

Il squatte pauvrement dans une maison en ruine, abandonnée et où la nature à repris ses droits. Martin sonne de maison en maison, propose ses services pour faire quelques travaux en échange d'un sandwich. Le soir, il rentre dans sa ruine, la journée il se lave rudimentairement à un robinet et va un jour frapper au portail de la propriété d'Eugenio. Assez vite, avec un large sourire, Martin se rend compte qu'ils se connaissaient quand ils étaient enfants.

Eugenio, qui lui rend son sourire, veut bien embaucher Martin, il y a des choses à faire : ranger des tuiles, nettoyer la piscine, réparer les gouttières. L'un écrit dans le jardin, l'autre sue à grosses gouttes, mais chacun se retrouve dans la semi nudité (ben ouais, c'est l'été). Ils déjeunent ensemble, Eugenio prépare un maté à Martin, ils ne se disent que des choses bien banales, ils n'ont pour l'instant que des rapports d'employeur à employé, mais des rapports décontractés.

Martin demande à prendre une douche et le soir, après le travail, Eugenio le ramène en voiture. Martin prétend habiter chez une de ses tantes. On ne saura jamais vraiment si ce qu'il raconte sur sa venue dans ce village, sur son passé, sur la maison familiale où il ne peut pas habiter, est vrai. Marco Berger entretient le mystère, il procède tout autant avec Eugenio dont on ne connaîtra que des bribes de son passé. Le film est entièrement tourné vers le présent.

Un soir, Martin avoue enfin qu'il vit dans cette ruine et Eugenio l'installe dans l'atelier. Il dormira dans un petit lit. Les moments de pause entre chaque travail deviendront plus longs. Ils commencent à discuter, à se baigner dans la piscine ou dans la rivière. Des souvenirs communs jaillissent, Martin se souvient de diapos que les parents d'Eugenio avaient faites lors d'un voyage à Hawaii, et surtout celle de deux ananas au milieu d'une plantation.

Evidemment, le spectateur aguerri, surtout s'il a vu les deux autres films de Marco Berger, sait que ces deux hommes sont pris dans les ravissements du désir. Ce qui est beau dans Hawaii est la manière douce de mettre en scène la montée irrésistible de cette tension sexuelle. Au fur et à mesure de leur intimité, les gestes se délient, les visages se rapprochent, la sensualité de leur corps s'épanouit dans un lent et sobre crescendo, sans coup de théâtre ni déchirement brutal ni dialogue et musique superflus. Un joli conte d'été.






















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