jeudi 8 juin 2017

Bons baisers de Pékin (Stephen Chow & Lee Lik-chi, 1996)


Bons baisers de Pékin est un film d'espionnage tout ce qu'il y a de plus sérieux. Comme tout film d'espionnage sérieux, c'est un film parodique. Que ce soit la séquence d'ouverture qui lance le récit comme le générique largement « inspiré » de ceux des James Bond, le sérieux se plie ici au burlesque de Stephen Chow. Passées les dix premières minutes, Stephen Chow sera de toutes les scènes, de tous les plans. Au sommet de sa gloire, Stephen Chow fait durer le suspense sur son apparition.

Il n'apparait d'abord que de dos, torse nu sous un tablier de boucher, puis un léger panoramique filme ses yeux, ensuite un insert montre un verre de Martini. Et se voix grave et rapide répond à une cliente. Viré des services secrets, son personnage Ling Ling Chai est devenu boucher réduit à découper de la viande de porc sur un étal, clope au bec, cheveux bouclés, il se prend pour un cador et cherche à séduire les femmes malgré cet accoutrement ridicule.

Ling Ling Chai est un espion catastrophique. Il doit retrouver pour la toute puissante Chine ce crâne préhistorique, histoire dont très vite on se fout totalement. Il n'est que le Macguffin qui permet de lancer le récit et à Stephen Chow de se montrer drôle et méchant, amoureux des femmes et misogyne. Evidemment, un espion ne serait rien sans ses gadgets. Man Sai, son collègue inventeur, sorte de Q pékinois, lui propose un téléphone qui fait rasoir, un rasoir qui fait sèche cheveux.

Les moments les plus connus des James Bond sont repris et parodiés avec souvent une belle tendance au mauvais goût et au ridicule. Li Heung-kam (la Stephen Chow-girl du film) prend par exemple contact avec son supérieur en ouvrant la cuvette des toilettes. Mais Stephen Chow est toujours prompt à se ridiculiser lui-même. Le réalisateur Stephen Chow n'hésite pas à mettre l'acteur Stephen Chow dans des situations embarrassantes et humiliantes.

Son personnage de Ling Ling Chai croit dur comme fer être l'égal de Roger Moore (que l'on voit sur un poste de télévision à l'œuvre dans un des rôles). L'habit ne fait bien entendu pas le moine. Il a beau vouloir loger au luxueux Regent Hotel où se trouvent les plus belles femmes de Hong Kong, il sera accueilli au minable Regent Motel, par Yen, cet acteur barbu que Stephen Chow utilise dans ses films en le travestissant et qui a toujours le doigt dans le nez.

Une séquence au milieu de ces facéties retient l'attention. Ling Ling Chai est dans une galerie marchande. Il rencontre un homme accompagné de deux acolytes. L'espion et l'homme parlent le même dialecte : ils sont du même village et se mettent à discuter ensemble. Or ces trois hommes vont cambrioler un magasin. Traqués par des vigiles, ils tuent de sang froid des clients. Ces scènes assez violentes révèlent un aspect de Stephen Chow rare, à la fois dans ce film et dans ses comédies précédentes : une noirceur proche du nihilisme qui sera développé dans ses films suivants.























Aucun commentaire: