lundi 1 mai 2017

La Femme du dimanche (Luigi Comencini, 1975)

Dans le cinéma italien, Luigi Comencini a longtemps été cantonné par la critique à la case « cinéaste de l'enfance », de L'Incompris à Un enfant de Calabre en passant par Les Aventures de Pinocchio. C'est sans doute pour cela que La Femme du dimanche a tant décontenancé lors de sa sortie en avril 1976. Cette comédie policière menée tambour battant par le commissaire Salvatore Santamaria (Marcello Mastroianni) tourne autour d'un objet, scabreux et incongru : une sculpture de phallus en érection, grandeur nature. Pas tout à fait un jouet pour bambins.

L'homme qui a été assassiné par ce phallus s'appelle Garrone (Claudio Gora), un architecte un peu véreux, peu scrupuleux et dont le passe-temps favori est de draguer les femmes. Adipeux et peu aimé de ses contemporains, Garrone ne manque à personne et surtout pas à Anna Carla Dosio (Jacqueline Bisset), une bourgeoise bon teint. Elle devient la première suspecte quand ses deux domestiques, vexés d'avoir été renvoyés, envoient à Santamaria un brouillon de lettre écrite la veille de sa mort où elle veut éliminer Garrone. Compromettant, en effet.

Le chef de Santamaria ne voit guère d'un bon œil que son flic suspecte l'une des membres de l'élite turinoise (le film se déroule dans la capitale du Piémont), il envisage d'accuser les terroristes rouges (déjà à l'époque on ne parlait que de ça). Santamaria est secondé par deux flics peu doués et pas franchement fins limiers, histoire d'apporter un peu de comédie burlesque (la filature ratée et grotesque) au sein de l'enquête policière. Mais le commissaire tient bon et à chaque rencontre, il imagine cet éventuel suspect le phallus à la main en train de frapper le crâne de Garrone.

Cet objet est un simple MacGuffin, le commissaire partage le point de vue du spectateur : il avance en tâtonnant dans son enquête, recevant de maigres indices. Ce qui compte dans La Femme du dimanche c'est l'étude des mœurs. Le libertinage de Anna Carla, l'homosexualité de son meilleur ami Massimo Campi (Jean-Louis Trintignant), aristo et de son amant Lello Riviera (Aldo Reggiani), un journaliste qui mène sa propre enquête, histoire de dédouaner son amoureux, lui aussi suspect. Le tout sous la musique grinçante d'Ennio Morricone, mélange de piano et de cordes, au diapason de cette société cynique.

La société de Turin, ville du siège de la FIAT, est au centre de toutes les critiques que professent Luigi Comencini et ses deux scénaristes Age et Scarpelli, une société obsédée, pas seulement par le sexe, mais par le pouvoir, l'argent, leur réputation. Ils sont racistes, égoïstes, homophobes, rancuniers, vénaux. Bref, des affreux, sales et méchants et pour confondre le meurtrier, le commissaire originaire de Rome (ce qu'on lui reproche) est prêt à tout, y compris séduire Anna Carla et vaguement Massimo, avant de résoudre l'énigme et retrouver son épouse, satisfait d'avoir achevé sa tache.



















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