lundi 20 février 2017

Valmont (Milos Forman, 1989)

Les Liaisons dangereuses est sorti en mars 1989 et Valmont neuf mois plus tard. D'un côté, une production américaine, de l'autre un film franco-britannique produit par Claude Berri, scénarisé par Jean-Claude Carrière et réalisé par Milos Forman. Mais également, entièrement parlé en anglais. On imagine les têtes du trio quand ils ont dû apprendre que Stephen Frears tournait le même film. Ça ne fait rien, on continue ! Mais pas question de donner le même titre, le film sera Valmont.

Pourtant, c'est avec la jeune Cécile de Valonges (Fairuza Balk) que le récit commence. Elle a quinze ans, elle est au couvent, une sœur l'appelle. Sa maman est venue lui rendre visite pour lui annoncer qu'elle va épouser le comte de Gercourt (Jeffrey Jones), 36 ans. La maman est venue avec une amie proche, la marquise de Merteuil (Annette Bening) qui se trouve être la maîtresse régulière de Gercourt, mais cela, ni Cécile, ni sa mère ne le savent ni ne l'apprendront.

Derrière son beau sourire et son visage apaisé, Merteuil prépare sa vengeance. Elle fait appel à Valmont (Colin Firth) pour qu'il déflore Cécile la veille de son mariage. Lui, préfère s'attaquer à la prude madame de Travel (Meg Tilly) et en faire sa maîtresse. Comme dans le film de Stephen Frears, et le roman, tout ce beau monde se retrouve chez la vieille tante de Valmont. Mais le personnage de Tourvel intéresse moins Milos Forman que celui de Cécile.

L'idée de faire tourner une actrice de l'âge de son personnage est judicieuse. Ce sont les mines boudeuses de Cécile, ses hésitations (sa main dans sa bouche), sa candeur qui composent son personnage. Comme Claude Bukowski dans Hair, comme Mozart dans Amadeus, et d'une certaine manière Larry Flynt et Andy Kaufman, Cécile est une innocente dans un monde de pervers. Elle s'étonne de tout et en premier lieu de l'intérêt que lui porte Valmont.

Au beau milieu du film, l’impulsivité de cette enfant est superbement décrite dans une scène de bal. Les trois femmes (Cécile, Merteuil et Travel) sont autour de Valmont. Cécile est la première à danser avec lui, elle sautille, sourit, rit très fort, se dandine. Bref, elle s'amuse. Merteuil comme Travel sauront être plus stoïques, hiératiques dans leurs pas de danse, elles refusent de montrer la moindre émotion, Travel encore moins que Merteuil.

Du haut de ses quinze ans, Cécile a un amoureux, Danceny (Henry Thomas, il était Eliott dans E.T.), son professeur de harpe. Le chevalier sans fortune, rejeté par madame de Valonges, laisse régulièrement des lettres à Cécile dans les cordes de la harpe. Il faut échapper aux foudres de la mère de Cécile et c'est un jeu de cache-cache permanent avec son point d'orgue dans la séquence du théâtre, une rencontre organisée par la Merteuil qui manque de mal finir. Tout est rythmé comme dans un vaudeville avec les conséquences d'une tragédie.

Entre Valmont et Merteuil, c'est à celui qui dictera le plus de lettres à Cécile à Danceny, histoire de les piéger. Valmont n'est jamais mieux inspiré que lorsqu'il remonte la robe de la jeune femme et pose un baiser sur ses fesses (l'image illustrera l'affiche du film). Valmont parviendra à ses fins, non seulement il couchera avec Cécile, lui faisant perdre sa virginité mais en plus, elle tombera enceinte de lui. La dispute, à cette nouvelle, entre Valmont et Merteuil sera féroce, autant dans les mots lancés que dans les actes.

L'une des scènes les plus drôles de Valmont, un humour grinçant certes, est celle de l'interrogatoire de Cécile. Elle doit avouer avoir un amant et rétorque à sa mère ce que la marquise de Merteuil lui a demandé de dire : elle épousera le comte de Gercourt et aura Danceny comme amant. Cécile, enceinte, est triomphante lorsqu'elle avance à l'autel pour son mariage auquel assiste Danceny. Le visage de Merteuil, perdue dans la foule, est défait, énigmatique, dévitalisé. Tout ce qu'elle avait tenté de bâtir s'est effondré, son monde n'existe plus.

























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