mercredi 22 février 2017

Foix (Luc Moullet, 1994)

C'est le plus fameux et connu des courts-métrages de Luc Moullet, un pseudo documentaire sur la ville de Foix, chef-lieu de l'Ariège. J'utilise le terme de pseudo documentaire parce que le cinéaste, depuis le milieu des années 1980, traite sur un ton ironique et satirique certains sujets a priori bien banals. En une quinzaine de minutes, il analyse, il critique, il épuise tous les possibles du sujet choisi. Le chien dans L'Empire de Médor, les centres commerciaux dans Toujours plus, les tracas du quotidien dans Essai d'ouverture ou Le Litre de lait. Luc Moullet utilise sa voix traînante pour faire les commentaires, et il donne de sa personne en testant les objets. Sses films sont souvent amusant, bien vus, cocasses et montrent l'absurdité de notre monde. Finalement, ce que font aujourd'hui certains youtubers n'est pas différent.

Dans Foix, Luc Moullet ne commente pas lui-même. Il cède sa place à un homme à la voix plus neutre. Et paradoxalement, cela décuple la satire. Le procédé est simple : une succession de plans de la ville de Foix sur lesquelles on entend cette voix qui décrit ce qu'il voit. Mais le commentaire, qui apparaît de prime abord comme issu du syndicat d'initiatives local, devient, petit à petit, de plus en plus emphatique. Ainsi, sur le plan d'un immeuble moderne en béton à côté d'une vieille bâtisse, la voix indique l'harmonie entre l'ancien et le nouveau. Il se moque d'une entrée d'immeuble inaccessible. Il note que les lycéens doivent passer par l'entrée du parking de l'hôpital. Ou encore, il s'étonne des bouchons dignes de ceux de Paris. Tout est à l'avenant. Cela est gentiment méchant, de bien mauvaise foi, mais rappelle que le cinéma est d'abord une affaire de montage entre le son et l'image. Il va sans dire que le maire (PS) de l'époque n'a pas vraiment rigolé devant Foix.















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