dimanche 29 janvier 2017

Shanghai express (Josef Von Sternberg, 1932)

Toute l’action de Shanghai express se déroule dans un train qui va de Pékin à Shanghai, ville qui était en 1932 aux mains des occidentaux qui se la partageaient en concessions. C’était une colonie avec de nombreuses nationalités. Le film imprime ce fait en montrant des personnages de Français, Allemand, Britannique et Américains. Shanghai Lily (Marlene Dietrich), habillée de son manteau en plumes noires embarque dans ce train.

Elle partage sa cabine avec Hui Fei (Anna May Wong), une Chinoise, vêtue d’une robe traditionnelle. Toutes deux sont des femmes modernes et chics qui écoutent fort leur gramophone, ce qui fait dire à la vieille dame voisine de cabine qu’elles doivent forcément être des femmes de mauvaise réputation. Lily découvre que son ancien amant, « Doc » Harvey (Clive Brook), qu’elle n’a pas revu depuis cinq ans, après lui avoir brisé le cœur, est dans le train.

Dans son film, Josef Von Sternberg s’amuse d’abord à montrer, sur le ton de la comédie, des personnages que tout oppose – si ce n’est leur fortune qui leur permet de voyager dans le wagon de 1ère classe – et qui vont ne jamais cesser de se chamailler, y compris dans le moment dramatique du film. L’Allemand râle contre tout et a peur de tomber malade. La vieille dame ne pense qu’à son petit chien qu’elle a du laisser dans la soute à bagages.

Le pasteur estime que Lily et Hui Fei n’ont pas leur place à côté de gentlemen. Ce sont des personnages secondaires pour amuser la galerie, hauts en couleurs qui permettent de mettre en valeur Lily, à la petite vertu mais qui, contrairement à eux, n’est pas hypocrite. Le seul lien de tous ces personnages est leur mépris pour les Chinois, tout justes bons à les servir. Les figurants chinois sont du petit personnel du train. En gros, ce sont des colons xénophobes et Josef Von Sternberg raille leur mesquinerie.

Le voyage continuant, la réalité vient troubler ce voyage. Le train est arrêté par les révolutionnaires qui cherchent un otage pour faire libérer l’un d’eux emprisonné. En 1932, la guerre civile faisait rage en Chine. Le chef des insurgés est Henry Chang (Warner Oland), un homme qui pendant le début du trajet passait pour un aimable homme d’affaires. Métisse, il a subi lui aussi le mépris des autres voyageurs et ce retournement de situation remet les pendules à zéro.

Avec force figurants, le film, d'une grande beauté pour sa quatrième œuvre avec Marlene Dietrich, montre de nombreux soldats qui traversent les plans. C’est une Chine grouillante et vivante qui est montrée (on avait déjà repéré cet aspect dans la scène du démarrage du train où la rue très occupée se vidait au passage de la locomotive). L’irruption de la guerre civile dans le film permet à Lily et à Harvey de régler leur contentieux avec l’aide de Hui Fei qui vient défendre son amie dans l’adversité.





















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