lundi 16 janvier 2017

J'ai aussi regardé ces films en janvier

Primaire (Hélène Angel, 2016)
Il y a 13 ans, Sara Forestier jouait une lycéenne dans L'Esquive, aujourd'hui elle incarne une institutrice, pardon, une professeure des écoles selon le vocabulaire du ministère. Dans une scène, tous les profs causent d'ailleurs de ces nouveaux termes imposés dans la pédagogie actuelle, pour s'en moquer avec un petit sourire. Ce nouveau film de Hélène Angel (très rare, personnellement, je n'ai vu que Peau d'homme cœur de bête son premier film que j'avais beaucoup aimé) est comme beaucoup de films français récents, fondés sur une vision documentée d'un métier. On suit ainsi Florence entourée d'élèves du CM2 (la pire année selon puisqu'elle ne le verra plus jamais) avec ses joies, ses difficultés, son fils, ses cas compliqués et éventuellement l'amour (Vincent Elbaz délicieux de vulgarité). Primaire est fort plaisant, souvent drôle, excellemment joué par les adultes comme les enfants, parfois touchant même si l'émotion est un peu forcée. Quelques scènes ont été tournées à Grenoble.

Ouvert la nuit (Edouard Baer, 2016)
Le voilà le dernier film avec Michel Galabru (décédé le 4 janvier 2016) qui joue son propre rôle, un comédien pris dans les rets d'un pièce de théâtre mise en scène par un Japonais laconique. Il n’apparaît qu'en début et fin de film et entre les deux Edouard Baer cherche un singe indispensable à la représentation. Il faut le dire tout de suite, c'est de loin, très loin, le meilleur film d'Edouard Baer, un road movie nocturne dans les coulisses du théâtre puis de bars en bars, dans les rues de Paris, dans un taxi, autant de petites saynètes, de sketches, de scènes mises bout à bout. Et Edouard (qui s'appelle Luigi dans son film) s'embarque avec Audrey Tautou et Sabrina Ouazani (elle aussi avait commencé dans L'Esquive) et rencontrent une pléiades de personnages forcément truculents. Luigi est un sommet d'égoïsme désinvolte mêlé de charme toxique. Les deux éléments composent une loufoquerie irrésistible, j'ai vraiment beaucoup ri, ça fait du bien.

La Mécanique de l'ombre (Thomas Kruithof, 2016)
Dans une mécanique, ce qui compte, ce sont les rouages qui la font fonctionner. Passée une ouverture de présentation du personnage de Duval (François Cluzet), chômeur dépressif, ancien alcoolique, solitaire, les manipulateurs de son destin entrent en jeu : Denis Podalydès, somme toute peu présent physiquement à l'image mais dont les autres ne cessent jamais de parler. Il est le metteur en scène de la nouvelle vie de scribe de Duval qu'il installe dans un décor nu, gris et l'oblige à taper à la machine à écrire des conversations concernant une prise d'otages. Simon Abkarian débarque sans crier gare et engage Duval dans l'action. Sami Bouajila est un cadre du contre-espionnage qui va lui aussi manipuler Duval. Ces trois contacts de Duval sont des hommes de l'ombre, des éminences grises qui dévoilent, petit à petit, et leurs méthodes brutales, et leurs objectifs bassement crapuleux sur fond d'élection présidentielle. Les gestes mécaniques de Duval quand il tape à la machine vont être enrayés autant par sa conscience que par la jeune femme des alcooliques anonymes qui vient demander du soutien au beau milieu de la nuit. Ce premier film atteint souvent une certaine efficacité largement supérieure au Grand jeu de Nicolas Pariser auquel j'ai souvent pensé.

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