lundi 30 janvier 2017

Le Flic de Beverly Hills 3 (John Landis, 1994)

Si Eddie Murphy reprise sept ans plus tard son personnage d'Axel Foley, c'est aussi parce que sa carrière bat de l'aile, peu de films, peu de succès au box-office. John Landis, dont la carrière n'était plus non plus aussi florissante que jadis, est enrôlé pour tourner Le Flic de Beverly Hills 3. Valeur sûre pour Eddie Murphy, les deux hommes ont travaillé ensemble pour Un fauteuil pour deux et Un prince à New York. A part Eddie Murphy et Judge Reinhold pour son personnage de Billy Rosewood, plus grand monde ne reste des films précédents. On affirme que Taggart a pris sa retraite, aucune nouvelle de Bogomil (il était pourtant devenu un de ses proches), Paul Reiser qui jouait un équipier de Foley à Detroit n'est plus là et le capitaine Todd (Gil Hill) meurt dès le début du film dans les bras d'Axel.

C'est justement la raison pour laquelle Foley retourne à Beverly Hills. Il a découvert quelques indices pointant vers un parc d'attraction nommé Wonder World qui va devenir le décor quasi unique du film. Ce parc, dirigé par un homme nommé Uncle Dave (Alan Young), est la caricature puérile et stupide du divertissement américain, tout en couleurs pastel, constellé de peluches géantes d'animaux (avec des hommes dedans) aux formes rebondies et d'attractions « catastrophe ». Le critique du Monde Jean-François Rauger se démène comme un beau diable depuis deux décennies pour faire du Flic de Beverly Hills 3 un grand film politique précisément à cause de ce qu'il considère comme une franche critique du divertissement. Partout ailleurs, il est considéré comme un navet ou un échec assez cuisant pour le duo Landis Murphy.

L'autre sujet un peu développé dans le film est celui de la vidéo-surveillance. Le super méchant du film Ellis DeWald (Timothy Carhart), l'homme qui a tué de sang froid le capitaine Todd, est le patron d'une société de surveillance. Il s'apprête à recevoir d'ailleurs une récompense pour son travail jusqu'à ce que Foley vienne perturber la cérémonie en clamant haut et fort, dans une des scènes les plus drôles, que non seulement DeWald est un meurtrier mais que son système prétendument développé n'est qu'une arnaque. Mais c'est surtout deux mondes qui s'affrontent que John Landis met en avant, le monde infantile des attractions et celui de Big Brother, il les compare, les assimile, il affirme que l'un est le revers de l'autre, il explique que cette débilité profonde a créé des monstres à l'image de ces deux enfants capricieux qui embêtent Axel dans le parc.

S'il ne reste que Billy et Axel pour combattre un fou furieux de la surveillance, on retrouve Bronson Pinchot toujours dans le rôle de Serge l'homme qui fait des expresso au zeste de citron, cette fois il vend des armes avec une déconcertante décontraction. Il présente à Axel et Billy ses pubs avec des filles à forte poitrine qui manient des armes « couteau suisse » (les mitraillettes servent aussi de micro-ondes ou de lecteur de CD), pub qui fait penser à celle regarderont Samuel L. Jackson et Robert de Niro au début de Jackie Brown, le fameux Chicks who love guns. Le film vaut aussi pour ses cameos. George Lucas est un client qui se fait voler son tour au manège, Barbet Schroeder se fait remet les clés de sa voiture de sport à Axel qui en profite pour se tailler vite fait, Joe Dante est gardien de prison, John Singleton un pompier, et aussi il fait venir Ray Harryhausen, Arthur Hiller dans la scène du bar où Foley téléphone juste après qu'Uncle Dave se soit tiré dessus.

La plus importante nouveauté est l'arrivée d'un personnage féminin afro-américaine. Dans les deux précédents Flic de Beverly Hills, Eddie Murphy était entouré de femmes Blanches, que ce soit sa vieille amie Jennie directrice d'une galerie d'art dans le 1er, la terrible Leslie Nielsen ou la fille de Bogomil dans le 2ème. Janice (Theresa Randle) travaille dans le parc à l'attraction « Alien attack ». Axel se rend dans son bureau comme on rentre dans un moulin. Il va trouver en elle une alliée sûre, elle a bien compris que quelque chose ne tourne pas rond. Elle présente Uncle Dave à Axel. Elle lui fournira les plans des tunnels pour tendre un piège à DeWald et ses sbires lourdement armés. Et comme le suggère le plan final, une idylle pourrait s'amorcer entre elle et lui. Axel Foley n'avait eu de romance dans aucun des trois films, si ce n'est à ce moment précis quand se termine la trilogie.





























dimanche 29 janvier 2017

Shanghai express (Josef Von Sternberg, 1932)

Toute l’action de Shanghai express se déroule dans un train qui va de Pékin à Shanghai, ville qui était en 1932 aux mains des occidentaux qui se la partageaient en concessions. C’était une colonie avec de nombreuses nationalités. Le film imprime ce fait en montrant des personnages de Français, Allemand, Britannique et Américains. Shanghai Lily (Marlene Dietrich), habillée de son manteau en plumes noires embarque dans ce train.

Elle partage sa cabine avec Hui Fei (Anna May Wong), une Chinoise, vêtue d’une robe traditionnelle. Toutes deux sont des femmes modernes et chics qui écoutent fort leur gramophone, ce qui fait dire à la vieille dame voisine de cabine qu’elles doivent forcément être des femmes de mauvaise réputation. Lily découvre que son ancien amant, « Doc » Harvey (Clive Brook), qu’elle n’a pas revu depuis cinq ans, après lui avoir brisé le cœur, est dans le train.

Dans son film, Josef Von Sternberg s’amuse d’abord à montrer, sur le ton de la comédie, des personnages que tout oppose – si ce n’est leur fortune qui leur permet de voyager dans le wagon de 1ère classe – et qui vont ne jamais cesser de se chamailler, y compris dans le moment dramatique du film. L’Allemand râle contre tout et a peur de tomber malade. La vieille dame ne pense qu’à son petit chien qu’elle a du laisser dans la soute à bagages.

Le pasteur estime que Lily et Hui Fei n’ont pas leur place à côté de gentlemen. Ce sont des personnages secondaires pour amuser la galerie, hauts en couleurs qui permettent de mettre en valeur Lily, à la petite vertu mais qui, contrairement à eux, n’est pas hypocrite. Le seul lien de tous ces personnages est leur mépris pour les Chinois, tout justes bons à les servir. Les figurants chinois sont du petit personnel du train. En gros, ce sont des colons xénophobes et Josef Von Sternberg raille leur mesquinerie.

Le voyage continuant, la réalité vient troubler ce voyage. Le train est arrêté par les révolutionnaires qui cherchent un otage pour faire libérer l’un d’eux emprisonné. En 1932, la guerre civile faisait rage en Chine. Le chef des insurgés est Henry Chang (Warner Oland), un homme qui pendant le début du trajet passait pour un aimable homme d’affaires. Métisse, il a subi lui aussi le mépris des autres voyageurs et ce retournement de situation remet les pendules à zéro.

Avec force figurants, le film, d'une grande beauté pour sa quatrième œuvre avec Marlene Dietrich, montre de nombreux soldats qui traversent les plans. C’est une Chine grouillante et vivante qui est montrée (on avait déjà repéré cet aspect dans la scène du démarrage du train où la rue très occupée se vidait au passage de la locomotive). L’irruption de la guerre civile dans le film permet à Lily et à Harvey de régler leur contentieux avec l’aide de Hui Fei qui vient défendre son amie dans l’adversité.