mercredi 21 décembre 2016

The Kid (Charles Chaplin, 1921)

Une casquette de gavroche, des cheveux en bataille, une salopette trop grande, et surtout le grand sourire de Jackie Coogan, voilà ce qui fait que le gamin de The Kid est le plus connu du cinéma muet, mais aussi des films de Charlie Chaplin peu habitué à créer des personnages d'enfant dans son cinéma. Pour son premier film long (seulement 51 minutes, mais le double des films qu'il réalisait jusqu'alors), Chaplin s'attribue son habituel rôle de vagabond qui traverse les rues des quartiers pauvres à la recherche de quelque chose à récupérer dans les poubelles que les mégères lancent des fenêtres.

C'est ainsi qu'il découvre le bébé dans la première partie de The Kid, il a été abandonné là par deux gangsters aux mines patibulaires. Ils viennent de voler une voiture de luxe dans un quartier chic. Or, la mère du poupon (Edna Purviance) venait de déposer dans cette voiture son enfant, dans le fol espoir que la famille riche ne l'adopte. On venait de découvrir qu'elle est une fille mère, le père un artiste peintre sans talent (on le voit dans une courte scène où il brûle par mégarde l'unique photo d'Edna) n'a pas voulu reconnaître cet enfant et s'en occuper. Pour cela, Edna a fait un séjour en prison.

Si le film démarre sous les hospices du mélodrame (et Edna Purviance force son jeu comme jamais), il se poursuit bien entendu sous ceux de la comédie. Au 69 d'une rue aux immeubles délabrés, le kid et le vagabond vivent comme ils peuvent. Il fait cuire la popote, le gamin met une pièce dans le compteur à gaz et la récupère immédiatement. Ils sont contents et complices de cette vie pauvre mais heureuse. La célèbre séquence des vitres brisées par le kid suivi de Charlot qui vient les remplacer sous la vigilance d'un policeman peu amène n'a rien perdu de sa force : rythme effréné, humour et ces gros plans de Jackie Coogan derrière les murs.

A peu près toute la terre se ligue contre le kid et son père adoptif. Les policemen, force de répression quand ils vont casser des carreaux (faut dire que Charlot n'est pas très subtil, il flirte avec la femme de l'un d'eux), la grosse brute du quartier aussi stupide que ses biscoteaux sont imposants, avec son chapeau melon on remarque d'ailleurs qu'il est le pendant musclé de Charlot, le médecin franchement rustre qui ausculte le kid et lui trouve une maladie grave, le marchand de sommeil qui emmène le kid aux flics. Chaque fois, ils parviennent à s'en sortir par une pirouette, en courant très vite ou avec un coup de brique.

Le drame arrive quand le médecin dénonce Charlot aux autorités. Il est dépeint un directeur de l'orphelinat d'une cruauté incroyable, qui ne regarde pas le gamin, qui ne parle à Charlot que par intermédiaire. Il est difficile de ne pas être ému devant les larmes du kid quand il amené de force à l'orphelinat. Et pendant ce temps, la mère du gamin a fait fortune et recherche son fils, et pendant ce temps Charlot rêve d'un monde meilleur où les gens s'aimeraient et où le diable ne viendrait semer la haine. La scène de ce paradis est une pure utopie, l'histoire du rêve américain qui n'existe que dans les songes.


























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