vendredi 2 décembre 2016

Sully (Clint Eastwood, 2016)

Le hasard du calendrier fait que ceci est mon troisième texte cette semaine sur Tom Hanks. Ça me donne presque envie de regarder d'autres de ses films en ce mois de décembre, après tout j'aime plutôt bien Tom Hanks et certains de ses films. Pour le dernier film en date de Clint Eastwood (qui, à 86 ans, ne s'arrête pas de filmer), il s'est laissé poussé une moustache et a fait teindre ses cheveux en blanc. Logique, il joue un pilote d'avion qui exerce ce métier depuis 42 ans (ah, la retraite aux USA, c'est encore pire que chez nous).

Sully, tout comme American sniper, est inspiré d'une histoire vraie, de faits réels (comme presque tous les films du cinéaste depuis dix ans par ailleurs). Un fait divers que j'avais totalement oublié, Sully, le personnage de Tom Hanks, de son vrai nom Chesley Sullenberger qui, le 14 janvier 2009, a fait amerrir son avion sur le fleuve Hudson quelques minutes après le décollage. Son copilote Jeff Skiles (Aaron Eckhardt) porte aussi la moustache mais a moins d'heures de vol au compteur. 155 passagers à bord, 2 hôtesses de l'air, l'avion allait en Caroline du Nord et tout le monde est sorti indemne du crash.

Ce n'est pas sur l'accident d'avion que Clint Eastwood place son suspense. Il est déclaré immédiatement que tout le monde est vivant, le film joue sur différents flash-backs sur ces 208 secondes d'angoisse, tout comme il avance des visions cauchemardesque de Sully, des images mentales de l'avion qui s'écrase sur les buildings de Manhattan et notre héros (comme tout le monde l'appelle – presse, passants, quidams). Clint Eastwood semble vouloir donner un épilogue, 15 ans après, aux films post 11 septembre, en filmant un happy end bigger than life.

Sully doit, avec son copilote, être auditionné dans la commission d'enquête sur l'accident. Car la compagnie US Airways a un souci sur les raisons du crash. La tension porte sur l'incompréhension entre Sully et ses contradicteurs, sur la bataille entre l'humain qui pilotait et les ordinateurs qui ont simulé l'accident, sur la position de héros ou celle de l'imposteur. La fabrication du héros américain est le sujet de son cinéma depuis Mémoires de nos pères. Le récit mélange les points de vue, les temporalités, les avis parce qu'il suit le cerveau épuisé de Sully où tout s'entremêle et se contredit.

Dans ce scénario très formaté, ce que je préfère, ce sont les scènes de l'accident disséminées dans le film qui ne suit pas la linéarité de l'action, c'est ce qui lui donne son suspense malgré la fin annoncée. La mémoire de Sully se lance suivant des signes qu'il croise, un coup de téléphone à sa femme, une journaliste qui parle dans la télé. Et ces scènes de l'accident, Clint Eastwood les filme sans musique, sans effet grandiloquent, totalement à l'opposé du cinéma d'action de Hollywood. C'est d'ailleurs pour cela qu'il a choisit Tom Hanks, le héros placide du cinéma américain.

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