jeudi 29 décembre 2016

Gremlins 2 La Nouvelle génération (Joe Dante, 1990)

Six ans plus tard, Billy (Zack Galligan) et Kate (Phoebe Cates) ont quitté leur petite ville de banlieue et sont en couple. Bizarrement, elle dit vouloir attendre pour se marier d'avoir plus d'argent. Ils vivent désormais à New York et bossent pour CCN dont le patron Daniel Clamp (John Glover), un golden boy inspiré de Donald Trump (y compris son nom), a imposé à ses employés de nouvelles règles. Tout d'abord une surveillance constante, prolongeant la thématique lancée par L'Aventure intérieure. Ainsi un pauvre employé se fait virer pour avoir fait une pause (on pense à Charlot dans Les Temps modernes qui fume une clope et se fait engueuler par son patron). Les inventions du père de Billy sont ici remplacées par la technologie défaillante dont est équipé le building.

Il est le pendant moderne et ultra libéral de Madame Deadle la mégère du premier Gremlins. Il veut construire à Chinatown un complexe ultra-moderne (paresse stéréotypée du scénario) en chassant le vieux marchand (Keye Luke) propriétaire du mogwai. C'est Billy qui dessine les plans de cette immense pagode qui va remplacer la modeste boutique du vieil homme. Dans Gremlins 2 La Nouvelle génération, Joe Dante ne s'embarrasse pas de raccords scénaristiques. Il fonce et fait venir le petit Gizmo dans le building où travaille Billy et Kate (elle fait visiter l'immeuble à des touristes). Gizmo se retrouve au dernier étage dans un laboratoire étrange où l'on pratique des recherches génétiques. Malin, il s'échappe, mais pas futé, il se fait mouiller. Et c'est reparti pour un tour.

Rarement Gizmo n'aura été aussi insipide, d'ailleurs il cède vite la place aux méchants gremlins et quand il apparaît, c'est avec des effets spéciaux d'une rare laideur. Les gremlins sont laids comme des gargouilles, vicieux, démoniaques mais leur chef est plus malin. Dans ce laboratoire secret dirigé par un savant forcément fou incarné par Christopher Lee et assisté par deux jumeaux (Don et Dan Stanton), les gremlins ingurgitent toute sorte de produits et l'un acquiert la parole, un autre se transforme en électricité, un troisième en arachnide géante ou encore un en vampire effrayant qui attaque ce pauvre Murray Futterman (Dick Miller) venu rendre visite à Billy. La chasse commence. Tout aura lieu dans le building de Clamp qui sera petit à petit détruit.

Dans cette année 1990 où le film sort, Joe Dante fait référence à quelques films récents, bien sûr la franchise Batman relancée un an plus tôt par Warner Bros grâce à Tim Burton, mais cet immeuble et les événements qui s'y déroulent rappellent aussi Piège de cristal. Gizmo revêt un bandeau à la Rambo 2 après avoir vu le film à la télé (encore un effet désastreux du petit écran) mais on pense plus à John MacLane. Gremlins 2 La Nouvelle génération aborde également le passage dans les médias américains à la tyrannie du direct et à l'immédiateté de l'info. Deux émissions télé sont présentés comme des produits épouvantables, celle des recettes de cuisine avec une Kathleen Kennedy totalement ivre ou le vieux présentateur déguisé en Dracula qu'est Robert Prosky.

Les gremlins s'amusent à parodier les films des années 1930, l'un d'eux grimpe sur une maquette de gratte-ciel tel King Kong, un autre porte un masque tel le Fantôme de l'opéra, ou celui-ci déguisé comme une vamp d'avant l'application du code Hayes (elle va d'ailleurs draguer un sbire du savant fou). Mais soudain, sans crier gare, les bestioles prennent le pouvoir sur le récit. La pellicule se met à brûler en direct et le film s'interrompt, Joe Dante brise le quatrième mur de son film, se rend dans une salle de cinéma où des spectateurs protestent de l'arrêt du film, mais les gremlins veulent voir, encore une fois, Blanche Neige et les sept nains, comme leurs ancêtres six ans plus tôt, même si cela ne leur a pas porté chance.

Brûler la pellicule au milieu d'un film n'est pas une nouveauté même si c'est rare, Ingmar Bergman le faisait dans Persona en 1966, Monte Hellman dans Macadam à deux voies en 1972. Plus de 25 ans après le film, voir un DVD de Gremlins 2 La Nouvelle génération évoquer ainsi la pellicule 35mm, la croyance dans le cinéma est fort réjouissant. Joe Dante en profite pourtant pour faire l'état des lieux du cinéma américain de la décennie écoulée, de ET à Batman, celle du cinéma pour ados boutonneux, de ses références cinéphiles, de ses rapports à la critique (l'interview du chroniqueur Leonard Maltin qui avait descendu dans son journal Gremlins) comme au public amateur de suites et remakes (cette salle qui veut toujours revoir le même film).






















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