mercredi 16 novembre 2016

King Cobra (Justin Kelly, 2016)

J'imagine que peu de monde ne connaît Brent Corrigan, sauf à avoir regardé pas mal de porno au milieu des années 2000. Avant même la sortie du film, le jeune hardeur de 30 ans a déclaré que tout ce qui est dit et raconté dans le film est loin de la vérité. Face à Corrigan, la promo du film a mis en avant James Franco, toujours prêt à se foutre à poil dans des rôles dits sulfureux, Christian Slater (très en vue en ce moment après la série Mr. Robot) dans son premier rôle gay et le jeune acteur Garrett Clayton, issu des productions Disney (tout comme Zac Efron il y a 10 ans) et qui déclarait dans un magazine récemment que s'il le pouvait, il vivrait sans aucun vêtement (comme dans le film donc).

King Cobra est l'histoire des débuts dans cette industrie de Brent (Garrett Clayton), jeune gars débarqué de San Diego jusque dans un lotissement cossu d'une banlieue Texas. Et effectivement, il ne garde pas très longtemps ses fringues quand Steven (Christian Slater) commence à le prendre en photo dans son « studio », en fait, une cave aménagée avec un canapé où il fait se désaper ses futurs acteurs. Steven est photographe de métier, d'ailleurs il prend sa sœur (Molly Ringwald) et sa famille en photo, scène destinée à montrer combien sa vie doit rester secrète. D'un côté, les photos de famille bien conformiste, de l'autre, le porno gentil avec des mecs minets (un twink, quoi).

Le film déballe la solitude du jeune homme (il avait à peine 18 ans quand il a connu Steven), son ennui dans cette banlieue du Texas (scène amusante où il croise une voisine qui se demande ce qui se passe dans cette maison, il lui répond que Steven fait du porno gay, avec un sourire délicieux face à l'air contrits de la voisine), l'amour que lui porte son mentor, l'absence de sa maman (Alicia Silverstone) à qui il fait croire qu'il fait des études de cinéma. Brent s'aperçoit un jour que son protecteur / amant / producteur se fait tout un tas de pognon sur son dos alors même qu'il est devenu une star du porno sans même qu'il ne le sache et puisse en profiter.

Ce n'est franchement pas l'aspect économique qui intéresse Justin Kelly, ni même l'aspect moral sur un patron dominant et un employé dominé, un couple vieux jeune, ou sur le porno (tant mieux d'ailleurs). Assez vite, King Cobra se tourne vers l'opposition entre deux couples. Brent et Steven face à Joe (James Franco) et Harlow (Keegan Allen), même rapport de domination mais puissance 10, Joe prostitue Harlow et profite de sa très grande naïveté. Joe est manipulateur, égoïste, brutal, violent, jaloux, James Franco en fait certes trop, comme toujours, dans ce rôle de mec borderline, mais par un simple froncement de sourcils, il sait être inquiétant.

Cette inquiétude est le ressort de la deuxième partie du film. Joe pousse Brent Corrigan à se séparer de Steven qui refuse à cause d'un contrat et parce que, tout simplement, Brent est une poules aux œufs d'or. Joe pousse donc Harlow à tuer Steven. Faut dire que le jeune escort boy est fou amoureux de Brent, qu'il connaît pourtant à peine. L'histoire est vraie mais le film est un peu banal sans être déplaisant, sans aucune inventivité narrative et esthétiques, les scènes de cul sont sans vigueur, évidemment on ne voit pas le bout d'une bite, le crime est sanglant mais mis en scène avec de trop grands effets, restent les acteurs plutôt contents de croire qu'ils font un film insolent.

Aucun commentaire: