mercredi 16 novembre 2016

J'ai aussi regardé ces films en novembre 2016

Réparer les vivants (Katell Quillévéré, 2016)
Pour aimer ce film, il faut croire que Bouli Lanners et Tahar Rahim puissent être des médecins, que Dominique Blanc soit chirurgienne, que le couple Emmanuelle Seigner et Kool Shen (après celui de Mathilde Seigner et JoeyStarr) existe et se confronter à l'apathie du sous-jeu d'Anne Dorval, l'actrice la plus énergique du cinéma québécois de ses 15 dernières années. Non pas que ces acteurs ne puissent pas jouer des médecins, mais la part du documentaire (gros plans, mise en scène clinique, rapport au réel) phagocyte tout le romanesque et ils n'ont rien à jouer, un peu comme s'ils jouaient en motion capture et qu'ils étaient ankylosés par la peur de faire un geste non conforme à leur métier. Le film aurait gagner à n'être qu'un documentaire sur le don d'organe mais au lieu de cela tout est dans l'euphémisme, ne serait-ce que le titre du film Réparer les vivants plutôt que « la greffe du cœur » ou simplement « le don d'organes ». Après un prologue onirique au creux des vagues, la première partie est consacrée au don d'organes. Larmes d'Emmanuelle Seigner et Kool Shen, longues explications de ce que c'est que le don d'organes. La deuxième partie est dédiée à la receveuse, Anne Dorval, ses deux fistons et l'ancienne petite amie de la future greffée, pauvre Alice Taglioni qui n'a rien à défendre. C'est tout un cinéma français actuel qui a tendance à vouloir absolument tout montrer des métiers et professions dans une vision vériste et ultra documentée (Grand Central, Hippocrate, Eden, Le Beau monde, Les Combattants, La Loi du marché), comme une plongée dans un univers inconnu tandis que la vie quotidienne et de couple est d'une banalité affligeante. Réparer les vivants pousse au paroxysme cette tendance et s'effondre assez vite.

Mr. Wolff (Gavin O'Connor, 2016)
Ben Affleck est pataud à souhait pour incarner ce comptable (the accountant du titre original) atteint d'autisme. Il n'a pas besoin de jouer et il est parfait ainsi. Le film ressemble à une série télé comme on en fait beaucoup, genre un mix entre True detective et Mr. Robot, avec ses personnages obscurs dont on annonce les secrets cachés à grands coups de flashbacks, sauf qu'ici les experts comptables remplacent les flics ou les hackers. Avec une mini-série, le récit foisonnant et compliqué aurait pu prendre le temps de soigner un peu mieux ses personnages secondaires et ces flashbacks évoqués plus haut, pas d'une grande finesse narrative, c'est le moins qu'on puisse dire. Pour rentrer dans le film, il faut accepter toutes les invraisemblances, les retournements de situations hénaurmes et Ben Affleck, surtout quand il tire avec des armes lourdes. Je me suis bien pris au jeu. Je parie qu'il y aura une suite.

Il Boom (Vittorio de Sica, 1963)
Inédit jusqu'à présent, Il Boom n'est pas le meilleur film ni de Vittorio de Sica ni d'Alberto Sordi qui campe ici un homme qui vit au dessus de ses moyens. Le « boum » économique que tout le monde annonçait en 1963 ne l'a pas encore touché. Mais cela n'empêche pas son personnage de dépenser à tout va en espérant qu'un riche homme d'affaires accepte d'acheter des terrains là-bas dans la campagne. Tout bascule dans un excellent sens de l'absurde quand une grosse bonne femme veut acheter l’œil gauche de notre faible héros contre 50 millions de lires. La cruauté de la comédie italienne de l'époque déploie alors sa terrible machine de destruction : c'est cela le capitalisme, les riches bouffent les pauvres.

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