lundi 7 novembre 2016

Il était une fois en Chine (Tsui Hark, 1991)

Il était une fois en Chine, c'est d'abord un générique, l'un des plus connus du cinéma de Hong Kong, repris et parodié dans un grand nombre de films – et pas forcément des wu xia pian – depuis la sortie du film en août 1991. Ce générique sur la chanson interprétée par Jackie Chan (« un homme déterminé ») avec des élèves de kung-fu qui s'entraînent torse nu sur la plage tandis qu'un soleil couchant les éclaire. Ce générique est une démonstration de force des arts martiaux et donc de la tradition chinoise. Esthétiquement, c'est un morceau de cinéma remarquable.
Le générique est entouré de deux séquences. La première exprime la résistance de la Chine face aux étrangers venus coloniser l'Empire. A la fin du 19ème siècle et les Britanniques ont pris Hong Kong comme les Portugais ont annexé Macao. Les premiers mots du film sont en français, dits par des soldats sur un bateau où Wong fei-hung (Jet Li) et son hôte regardent une danse du dragon. Wong Fei-hung montre son habileté à pratiquer la danse. Les deux hôtes craignent la disparition de cette tradition. Ils déploient alors deux banderoles, on peut lire « des idéaux sublimes » et « un esprit chevaleresque ». Puis, le vieil homme montre son éventail sur lequel est écrit les contenus des accords signés avec l'Occident.
L'Occident arrive justement après le générique avec le personnage de la 13ème tante (Rosamund Kwan) qui se cache pour son premier plan derrière le voile de son appareil photo. Wong Fei-hung n'a jamais vu un tel appareil. La tante veut lui serrer la main tandis qu'il fait le salut chinois. Elle lui présente une de ses amies qui parle anglais. Wong fei-hung ne comprend pas, on lui dit de répéter « thank you » mais il sort un mot qui veut dire autre chose en cantonais. Dès qu'il voit la 13ème Tante, Wong Fei-hung ressent pour elle des sentiments qu'apparemment il n'a jamais connus jusqu'alors. Une belle séquence montre l'attirance teintée de crainte de Wong fei-hung pour elle quand elle veut prendre sa taille pour un costume. Il se fit à leurs ombres sur le mur et croit qu'elle veut l'embrasser.
La 13ème Tante représente dans Il était une fois en Chine le progrès occidental et ce qu'il peut amener de positif en Chine. Face aux lâches occidentaux qui restent persuadés que les Chinois ne sont qu'un peuple dangereux et violent, comme l'un des Anglais le dit en chinois, Tante Yee propose des solutions concrètes. Elle offre à Wong Fei-hung des lunettes de soleil, un chapeau et un parapluie. Tout cela lui servira lors d'un combat. Elle montre la voie de la modernité et que celle-ci peut se faire dans la douleur alors même que la Chine subit une période on ne peut plus mouvementée. Il était une fois en Chine montre également les collaborateurs des Occidentaux et que Tsui Hark dénonce. Dans un même plan, il montre Wong fei-hung en train de discuter avec le chef de la police (Simon Yam). Ce dernier a derrière lui un ventilateur électrique tandis que Wong a ses disciples qui l'éventent manuellement.
Tsui Hark a choisi de garder les personnages mythiques des aventures de Wong Fei-hung. Pour ne brusquer les spectateurs en changeant totalement la vision traditionnelle des aventures du célèbre médecin. Le personnage a été présent sur les écrans des cinémas de Hong Kong pendant plusieurs décennies. Le plus célèbre Wong Fei-hung est incarné par Kwan Tak-hing qui a joué Wong Fei-hong pour la première fois en 1949. Le médecin n'avait pas existé cinématographiquement depuis 1981 et Tigre blanc de Yuen Woo-ping. Liu Chia-liang avait bien tenté de rénover le personnage au sein de la Shaw Brothers, sans succès.

Ainsi Wong Fei-hung est accompagné de Fu le bègue (Jacky Cheung), qui porte des lunettes de vue et qui a les dents en avant. C'est le plus connu des disciples de Wong, c'est le lettré. Il y a Shirong (Kent Cheng), le gros boucher. Dans sa première scène, il arrive avec des carcasses de porc. Shirong est un impulsif, un homme qui aime se bagarrer et qui en impose avec son corps massif. A la limite, Sammo Hung aurait pu reprendre son rôle qu'il avait dans The Magnificent butcher. Kai (Yuen Kam-fai) est le troisième disciple de Wong Fei-hung, son plus fidèle selon ses mots. Ce qui n'empêche pas que, dans le film, il soit le moins présent. Tsui Hark préfère évidemment les personnages hauts en couleurs que les personnages ternes qui ressemblent au sifu.
Enfin, il y a le personnage de Liang Kuan, qui deviendra le compagnon de voyage de Wong Fei-hung. Dans Il était une fois en Chine, on suit son parcours chaotique de disciple qui se cherche un sifu. C'est un bon garçon mais qu'il faut canaliser. Son problème est qu'il tombe immédiatement amoureux de la 13ème Tante. Ce motif sentimental ne sera pas aussi développé que dans les films suivants, mais il reste la motivation d'une certaine rancœur de Kuan face à Wong. Le personnage de Kuan est tenu par Yuen Biao, qui est très bien mais que l'on peut cependant estimer comme un tout petit peu trop âgé.
Il était une fois en Chine est essentiellement basé sur les rapports entre les personnages et leurs sentiments avec leurs humeurs propres que sur les événements historiques. Shirong jure régulièrement contre les Mandchous et les étrangers. Yuen Woo-ping a réglé les combats dont certains sont très beaux visuellement, comme celui où Wong Fei-hung se bat, en ralenti, sous la pluie battante. Après d'autres aventures de vengeance et de trahison, Tsui Hark filme un grandiose combat sur des échelles qui est resté dans les annales. Le film est un triomphe public pour Tsui Hark et Jet Li ce qui permettra aux deux hommes d'améliorer le concept des aventures de Wong Fei-hung.




















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