mardi 1 novembre 2016

Bleeder (Nicolas Winding Refn, 1999)

J'aime beaucoup l'ouverture de Bleeder, deuxième film de Nicolas Winding Refn entre deux Pusher, resté inédit en salles en France jusqu'à cette semaine. Après un carton rouge sang annonçant le titre et les noms des acteurs principaux, chacun vient présenter son personnage en marchant dans la rue au son d'une chanson illustrant leur tempérament. Lenny (Mad Mikkelsen), Lea (Liv Corfixen), Leo (Kim Bodnia) Louise, sa petite amie (Rikke Louise Andersson) et Louis le frère de Louise (Levino Jensen). Au gré de ces morceaux de musique, on en saura déjà pas mal sur les personnages, qui est calme et qui est excité.

Le calme Lenny bosse dans un vidéoclub. Il est entouré de VHS, objet tombé dans les oubliettes de l'Histoire. Quand un client débarque et demande où il peut trouver La Colline a des yeux 2, Lenny débite le nom de tous les réalisateurs ayant une VHS dans ce vidéoclub et leur emplacement, comme un catalogue sans fin, l'un des rares moments comiques du film. Il ne vit que pour le cinéma et par les films. Avec son patron (Zlatko Buric), flegmatique comme un acteur d'Aki Kaurismäki, Lenny organise des séances de ciné-club dans l'arrière boutique avec Leo et Louis. Des films de cinéma d'exploitation, évidemment. Et ça cause bien entendu acteurs et films.

Leo vit avec Louise. Et ce matin-là, il annonce à son pote, sans aucun sourire, avec une absence totale de joie, que Louise est enceinte. Seulement voilà, Leo n'en veut pas du môme et ils vivent dans un appartement minable. Louis, le frère encombrant et raciste sur les bords et au milieu, traite le gentil Leo de tous les noms. Le frangin a bien vu que son beauf ne déborde pas d'enthousiasme. Les deux gars ne s'aiment pas et toute la tension dramatique de Bleeder va se concentrer sur cette haine viscérale dans une douce explosion de violence larvée comme le cinéaste les aime. Nicolas Winding Refn annonçait très tôt la couleur avec ses fondus au rouge.

Lea, jouée par l'épouse de Nicolas Winding Refn, a un rôle plus périphérique. Elle ne croisera que Lenny qui passe de temps en temps dans son fast-food. Elle s'emmerde profondément dans son travail. Ils ne savent jamais quoi se dire, il ne parle que de films. De son côté, Leo a trouvé un revolver et ne s'en sépare plus. Tourné en caméra à l'épaule, en plans séquence (souvent), Bleeder trimbale son lot de personnages englués dans une vie médiocre. Pour certains, ils se contentent de vivre par procuration, par le cinéma. Pour d'autres, c'est la descente aux enfers. D'ailleurs, les prénoms de ces jeunes gens commencent par un L, L like Hell.

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