mardi 2 août 2016

The Great train robbery (Edwin S. Porter, 1903)

Je n'avais jamais vu The Great train robbery que Maurice Bardèche et Raymond Brasillach décrivent dans leur « Histoire du cinéma en deux volumes » comme « le premier film narratif américain ». Un peu moins de 11 minutes (sur le DVD Retour de flamme Volume 3) et 14 plans sans inter-titre. Mais chaque plan révèle un détail qui montre que le réalisateur Edwin S. Porter n'a pas été « prisonnier de l'optique théâtrale », c'est-à-dire en substance qu'il ne se contentait pas de faire jouer l'action le temps de la durée de l'enregistrement de la bobine.

Inspiré d'une histoire vraie (déjà en 1903), celle de l'attaque d'un train par Butch Cassidy, le film déroule son récit linéaire. Plan 1, les gangsters pénètrent dans le bureau du télégraphe pour empêcher l'employé de signaler l'attaque du train. Sur la droite, la fenêtre permet de voir le train arriver en gare par un trucage, sans doute une transparence. Ce procédé sera à nouveau utilisé dans le plan 3, toujours sur la droite, l'action se situant dans le train et cette fois, c'est le paysage d'arbres qui défile dans le trucage pour faire illusion que le train se déplace.

Dans ce même troisième plan, l'un des gangsters (ils avaient grimpé dans le train au plan 2) tire à bout portant sur l'employé du train puis sur le coffre. La fumée du revolver est alors teinte en couleur rouge. C'est le premier assassinat du film, le télégraphiste a seulement été assommé. Le deuxième mort vient dans le plan 4 sur la locomotive en mouvement, en travelling avant. Un faux plan unique, le conducteur de la loco est tabassé par un gangster, puis jeté hors du train. On remarque que c'est un mannequin de tissus qui a pris la place de l'acteur dans ce montage raccord et invisible.

L'attaque du train se poursuit (plans 5 et 6) avec le dépouillement des passagers qui descendent des wagons les uns après les autres. L'un d'eux tente de s'échapper, il sera abattu dans le dos et s’écroulera sur les rails. Les bandits, leur butin en poche, s'enfuient à bord de la locomotive (plan 7), abandonnant les autres wagons. Puis, le plan 8 filme d'abord les gangsters sortant du train et se poursuit par un panoramique sur la gauche qui suit les gangsters dans leur fuite au milieu de la forêt. Ils s'enfuient à cheval (plan 9).

Mais la justice doit reprendre son cours, c'est ainsi que Hollywood s'est façonné. Dans le plan 10, la fille du télégraphiste, dont la robe est teintée en violet, le libère. Pendant ce temps, en montage parallèle (plan 11), chose inédite, le shérif et ses amis entament une danse endiablée (là encore les fumées des coups de feu sont teintés sur Bronco Billy qui joue le rôle du pied tendre). L'employé du télégraphe arrive pour les prévenir. La danse s'interrompt, les justiciers se saisissent de leurs revolvers.

Les deux derniers plans de l'action (12 et 13) concernent la poursuite dans la forêt d'arbres dont la verticalité évoque les barreaux d'une prison. La poursuite à cheval procure de nombreux coups de feu teintés. Puis, c'est l'affrontement, au premier plan, les bandits, au fond du cadre, le shérif et entre les deux, les chevaux. Les bandits sont abattus, le butin récupéré. Le dernier plan est le plus célèbre du film, un gros plan coloré d'une homme moustachu qui tire face caméra en direction du public. J'imagine qu'il a dû terrifier plus d'un spectateur de 1903.
















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