mercredi 17 août 2016

Dernier train pour Busan (Yeon Sang-ho, 2016)

C'est l'été coréen dans les salles de cinéma, quatre films en ces mois de juillet et août, mais je ne suis allé voir que Dernier train pour Busan. Un TGV qui va de Séoul à Busan avec de nombreux voyageurs et parmi eux, un père de famille et sa fillette. Le film de Yeon Sang-ho semblait commencer comme n'importe quel autre film familial (je ne savais rien du film avant d'entrer dans la salle), ce père Seok-woo (Goon Yoo) est totalement obnubilé par son travail (une sorte de trader aux dents longues), le téléphone constamment à l'oreille. Quand il rentre chez lui, il se rend compte qu'il a oublié la kermesse de sa fille Su-an (Kim Su-an). C'est son anniversaire et il lui offre le même cadeau que l'année précédente. Divorcé et père relativement indigne, Seok-woo doit emmener sa fille à sa mère (que l'on ne verra jamais).

Le huis-clos s'enclenche avec toute une ribambelle de personnages. Un homme costaud et peu aimable (Ma Dong-seok) et son épouse enceinte (Jeong Yu-mi). Une équipe de baseball, des jeunes gens qui se chamaillent gentiment, notamment le jeune puceau Young-guk (Choi Woo-shik) qui voit débarquer la fille dont il est amoureux sans jamais avoir oser lui dire, Jin-hee (Ahn So-hee) viendra s’asseoir à côté de lui. Deux vieilles dames, l'une est la grande sœur de l'autre. Un homme d'affaire (Kim Eui-sung). Quelques contrôleurs. Et enfin, un SDF (Choi Gwi-hwa). Le prologue de Dernier train pour Busan aura averti le spectateur, une fourgonnette en pleine campagne heurte un cerf. Pensant qu'il est mort, le conducteur poursuit sa route, mais l'animal se tord, se redresse et se met sur ses pattes. La caméra s'approche de lui, la bête lance un regard caméra au spectateur, ses yeux sont devenus blanchâtres, tels ceux d'un zombie.

On en a vu des films de zombies, on sait parfaitement comment ils fonctionnent, ils sautent à la gorge des futures victimes et les contaminent. Leur nombre excédera celui des hommes sains. Le film ne déroge pas à cette règle. Le but du jeu est toujours le même, d'abord apprendre à lutter contre eux, à se cacher, à ne pas être mordu, et ensuite deviner qui va s'en sortir. Pour les voyageurs, pour l'instant tout ce passe bien. Mais une femme vient de grimper dans un wagon juste au moment où le train fermait ses portes. De larges veines zèbrent ses membres, on vient lui porter secours. Erreur fatale, elle va commencer à contaminer le compartiment, et répandre la terrible gangrène à tous ceux qui l'entourent. Assez vite, les nouvelles de l'extérieur se répandent. Par téléphone, par les écrans télé installés dans les wagons où les chaînes info parlent de manifestations qui dégénèrent. Les passagers ne savent pas encore comment réagir.

L'habileté du film tient dans sa manière de créer de la tension traversée par un humour pince sans rire. Cette tension est multiple, autant dans l'étude des zombies, empirique, pour savoir quand les voyageurs peuvent leur échapper que dans la formation de deux groupes ennemis parmi les non contaminés. Ce qui me plaît beaucoup dans Dernier train pour Busan est la manière dont les zombies sont filmés. Leurs mouvements saccadés et mécaniques sont une belle trouvaille visuelle tout autant que leur afflux en masse pour attaquer les pauvres humains. Mon moment préféré qui mêle tension et humour est la poursuite d'une meute en furie à une locomotive. La meute compacte s'accroche comme elle peut et tombe comme un château de cartes. Comparativement, la portée sociale (l'entraide est meilleure que la lâcheté et l’égoïsme) et la rédemption du père (il va devenir un héros pour sa fille sous un torrent de musique assourdissante) sont plus banales et balisées.

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