dimanche 21 août 2016

A propos des chansons paillardes au Japon (Nagisa Oshima, 1967)

11 février 1967, Tokyo. Quatre lycéens viennent de province passer des examens pour entrer à l’université. Nakamura, Ueda, Maruyama et Hiroi ont remarqué une lycéenne. Elle est assise à la place N°469. Ils cherchent à savoir son nom. Il neige à gros flocons. Le quatuor remarque que 469, ainsi qu’ils l’appelleront pendant tout A propos des chansons paillardes au Japon, va signer une pétition contre la guerre au Viet Nam. Ils vont signer également dans l’espoir de la connaitre. Elle n’aura inscrit que 3 XXX.

Les quatre amis vont redoubler d’efforts pour rencontrer la lycéenne. Sur le quai de la gare, ils font connaissance avec trois filles. Leur professeur, Monsieur Otake, est là pour surveiller et leur propose d’aller boire des verres avec eux au bar « Lawrence ». S’agit-il de Lawrence d’Arabie ou de l’auteur de Lady Chatterley ? Les discussions entre les lycéens vont bon train, occupant une bonne partie du film avec, dans leur bouche, une seule obsession : les filles. On est loin des préoccupations politiques des pétitionnaires.

Ils s’attendaient que le professeur leur donne des leçons de vie. A la place, il leur chante une chanson paillarde sur un homme qui va détrousser les jeunes femmes d’une famille, en commençant par l’aînée et en terminant par la bonne. Tous sont étonnés de la gaillardise de cet homme lettré. Tout le monde s’enivre dans le bar. Chacun répète la chanson. Le professeur lit des poèmes. Otake est fin soûl. Les lycéens et les lycéennes le ramènent chez lui et prennent des chambres dans une auberge. Là, le jeu de séduction continue entre les jeunes.

Le film aurait pu s’appeler comme le dernier Resnais « Aimer, boire et chanter ». Boire permet à tous de se désinhiber. Les lycéennes restent pourtant dans leur chambre. Elles n’ouvrent pas la porte aux quatre garçons. Aucun stratagème ne fonctionne. Nakamura semble le leader du groupe et envisage de s’introduire dans leur chambre. Il est hanté par le désir qu’il a pour les jeunes femmes. Et il sera encore plus avec la mort accidentelle du professeur Otake qui s’asphyxie avec le gaz du chauffage de sa chambre.

La mort du professeur ne le traumatise pas, contrairement aux jeunes filles qui pleurent tout leur sou. Il y voit au contraire l’occasion de séduire la compagne d’Otake. La puissance de thanatos augmente son éros. Les quatre garçons fantasment également sur 469. Nagisa Oshima met en scène une longue séquence où les quatre garçons imaginent coucher, successivement, avec elle dans la salle d’examen. Les voix off des garçons se superposent à l’image, la description est double et purement fantasmatique.

Les lycéens font la douloureuse découverte de la différence entre le fantasme et la réalité. Nakamura va vite culpabiliser d’avoir de telles pensées et va chercher 469 pour se confesser. Elle s’appelle Mayuko et chante, dans un festival pop, des chansons pacifistes. Son visage souriant apporte une pureté. Celui de Nakamura est par contraste dur, presque désespéré. Ce dernier lui répète à l’envi sa chanson paillarde dans une opposition qui montre un visage pessimiste de la jeunesse du Japon de 1967.















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