vendredi 15 juillet 2016

Viva (Paddy Breathnach, 2015)

Il suffit parfois d'une minute pour qu'un film vous emporte et ne vous lâche pas. La première séquence de Viva se déroule dans un cabaret de La Havane. Un travesti, la bonne cinquantaine, un homme costaud, chante avec ses tripes une chanson d'amour, habillé de noir, sueur au front, gestes rythmés par la mélodie. Ce travesti est Mama (Luis Alberto Garcia), il est le clou du spectacle dans ce cabaret dont il est le patron. Les applaudissements des spectateurs fusent.

Dans les coulisses, un jeune homme observe le spectacle. Jesús (Héctor Medina) est aussi fluet que Mama est imposant. Jesús est le coiffeur et maquilleur de la petite troupe, tout jeune adulte, il fait ce petit boulot pour vivre. Cindy, Pamela, Celeste, tous les artistes du cabaret l'apprécient, il va même dans l'appartement de Mama pour coiffer ses perruques. Il coiffe aussi sa grand-mère Nita (Paula Andrea Ali Rivera) qui lui donne souvent à manger.

Quand l'un des travestis doit être remplacé, Jesús décide de passer le casting. Il s'entraîne chez lui sur des morceaux des 33tours des années 1960 qui appartenaient à sa mère décédée. Le soir du premier show de Viva, le pseudonyme que Jesús s'est choisi, un homme est au bar, Viva s'approche de lui dans un jeu de séduction, et l'homme lui fout un coup de poing sur le visage. Cet homme est le père de Jesús, Angel (Jorge Perugorria).

Angel a passé des années en prison et il va s'incruster dans la vie de son fils. Et en tout premier lieu, il s'installe dans l'appartement, pas bien grand, d'un vieux quartier de La Havane. Le père a du mal avec l'homosexualité de son fils, mais il va violemment lui interdire de fréquenter le cabaret de Mama et encore plus de s'y produire. Le père va passer son temps à picoler, à fumer clopes sur clopes, à glander dans l'appartement.

Jesús va trouver un peu de réconfort chez Nita. Il va demander des conseils à Don (Luis Angel Batista Bruzón), jeune prostitué dans un jardin public dont la technique, pour soutirer de l'argent à ses clients, est de feindre d'être blessé. Quant à sa meilleure amie Cecilia (Laura Alemán), elle s'entiche d'un jeune boxeur macho, elle demande régulièrement à Jesús de lui prêter son lit pour passer du temps avec son nouvel amoureux.

Le film du réalisateur irlandais Paddy Brethnach se répartit entre trois lieux. L'appartement représente le présent morne et difficile. La salle de boxe où son père espère revenir sur le ring est l'image du passé que Jesús tente d'effacer. Le cabaret représente l'avenir que le jeune homme espère meilleur. Il passe, avec son sempiternel petit short et ses t-shirts échancrés, d'un lieu à l'autre, traversant les rues délabrées de La Havane.

Avec un minimum de clichés (sur les travestis, les boxeurs, la prostitution, le passage à l'âge adulte et la pauvreté à Cuba), Viva passe du film musical au thriller lorsque Angel se montre menaçant face à son fils. Quelques passages sont plutôt drôles (les vannes entre les artistes du cabaret, les fausses blessures de Don). Viva commençait avec le show de Mama, il se finit, chargé de larmes bienfaitrices, avec le numéro de Viva.

Aucun commentaire: