mercredi 20 juillet 2016

Florence Foster Jenkins (Stephen Frears, 2016)

Depuis quelques films, Stephen Frears se coltine le même sujet, sous différentes angles, chaque fois tiré d'histoires vraies. Mensonges, tromperies, dissimulations, escroqueries. Philomena en 2014 sur le mensonge des religieuses concernant le destin de son fils, The Program en 2015 sur le dopage de Lance Armstrong et cette année Florence Foster Jenkins, la Castafiore américaine. Cette dernière histoire vraie a déjà été largement adaptée dans Marguerite de Xavier Gianolli, une femme qui chante comme une casserole mais persuadée d'avoir un don. Tout son entourage lui ment. Je ne vais pas comparer les deux films, mais seulement constater que le cinéaste français déploie ces mêmes thématiques dans ses films (ce que Stephen Frears avait souvent fait dans sa période la plus féconde de My beautiful laundrette à The Snapper), mais il n'est pas encore le Stephen Frears hexagonal.

L'entourage de Florence (Meryl Streep), née en 1868, décédée en 1944, année où se déroule le film, c'est tout simplement son époux légitime, St-Clair Bayfield (Hugh Grant), dont les rides entourent maintenant ses yeux bleus. Vieux beau, il couve Florence, l'appelant Bunny, l'encourageant à prendre des cours de chant et paie, depuis, 25 ans, le public (surtout des vieilles dames sourdes) et les critiques, pour venir applaudir aveuglément la cantatrice. St-Clair quitte chaque soir le domicile conjugal après avoir couché son épouse atteinte d'un cancer, lui avoir récité quelques vers (l'homme se prétend acteur shakespearien), la laissant aux bons soins de leur bonne. Il part alors rejoindre son propre logement et retrouve sa maîtresse, la jeune et en bonne santé Kathleen (Rebecca Ferguson). Hugh Grant joue en douceur ce personnage toujours en mouvement, toujours debout. On ne saura jamais vraiment s'il est un épouvantable cynique ou un simple mari volage lassé des excentricités de sa femme.

Le film décrit les derniers mois de Florence Foster Jenkins et son idée de faire un récital de ses airs préférés. Entre deux conseils de Toscanini, une réception mondaine (la femme était très fortunée) et un concert au Carnegie Hall, Florence et St-Clair engage un jeune pianiste, Cosmé McMoon (Simon Helberg, le Howard Wolowitz de The Big Bang theory). Si on peut admirer l'interprétation de Meryl Streep, mais c'est habituel, avec sa voix de crécelle (c'est elle qui chante vraiment), sa capacité à porter dignement des tenues et bijoux ridicules, il faut remarquer que le jeu de Simon Helberg est l'attrait majeur du film. Tout en timidité honteuse, poussant des petits cris, des rires contenus quand il découvre la voix de sa nouvelle patronne, son personnage offre un mystère (notamment sur sa sexualité) qui manque aux autres. Complice involontaire d'une escroquerie artistique, Cosmé McMoon prendra de l'assurance jusqu'à la séquence finale, une succession de quiproquos au tempo infaillible, où Stephen Frears montre que quand il s'en donne encore la peine, il est brillant.

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