lundi 16 mai 2016

The Nice guys (Shane Black, 2016)

A Los Angeles en 1977, on savait bien se saper. Jackson Healy (Russell Crowe) aime mettre un chemise bleu clair en flanelle sur une chemise hawaiienne. C'est une tenue idéale pour passer inaperçu quand il va bosser. Son boulot est de donner du coup de poing au contrat. En exemple, dans l'une des séquences de présentation des personnages, Healy porte un poing américain, attend qu'une ado mineure sorte de la maison où se trouve un adulte à qui il casse la gueule, non sans lui avoir dit de ne pas toucher aux gamines.

Son futur partenaire dans The Nice guys est Holland March (Ryan Gosling), plus jeune que Healy mais toujours en costume cravate marron, une chemise souvent ouverte sur un bon vieux débardeur. Et une moustache, ça en impose pour un détective. La rencontre est musclée et violente car Healy n'a pas compris qui est March et tous les deux suivent la même personne : Amelia. Sa mère a engagé March pour la retrouver et une amie d'Amelia en engagé Healy pour casser la gueule de March. Voilà d'où vient le plâtre.

Maintenant que Shane Black a décliné l'identité de ces deux gentils gars du titre, il faut leur faire un duo d'enfer, digne, disons de ceux que le scénariste d'il y a trente ans avait fait avec L'Arme fatale ou Le Dernier samaritain, soit un duo désaccordé qui doit trouver son accord tout au long du film. Healy est le genre de gentil gars qui cogne et qui discute ensuite, Holland March est aussi le gentil gars qui se trompe toujours jusqu'au moment où il a enfin raison, le modèle du genre étant l'inspecteur Clouseau.

Entre deux explosions, deux poursuites en voiture, deux coups de poing dans la gueule, deux coups de feu et deux morts, The Nice guys déploie un gag. Les deux hommes montent en silence dans un encenseur qui joue The Girl from Ipanema, Holland March est aux chiottes en train de lire un magazine quand Healy ouvre la porte, March, encore lui, dégringole de la terrasse après avoir bu comme un trou (il picole pendant tout le film), Healy tente de convaincre un barman de donner des renseignements.

L'incompétence de March n'est pas contrecarrée uniquement par Healy. La fille du détective privé, une gamine de 12 ans, Holly (Angourine Rice) na pas besoin d'être protégée. Elle se mêle de l’enquête, se glisse dans la soirée organisée par le producteur porno, est menacée par le tueur à gages (Matt Bomer) engagé par la mère d'Amelia (Kim Basinger). C'est la gamine, bien plus adulte que lui, qui protège son père dans le mouvement comique crée par l'inversion des rôles entre les personnages.

Cette enquête mène donc Healy, March et sa fille dans les coulisses du cinéma porno mais aussi de l'industrie automobile. Tout est clairement expliqué dans le film. Pas de putasserie ni de scabreux dans The Nice guys. L'action des films produits dans les années 1980 et 1990 par Joel Silver et scénarisés par Shane Black étaient contemporains de leur réalisation. C'est d'ailleurs assez fascinant de retrouver les mœurs de l'époque aujourd'hui, tout comme les couleurs, les voitures et les vêtements des personnages.

Faire se dérouler The Nice guys en 1977, permet d'éviter les téléphones portables, les techniques modernes, mais je crois que Shane Black ne l'a fait que pour une seule scène, celle de la projection du film porno sur pellicule suivie de la bobine que jette Holland March. Evidemment, en 2016, le porno ne passe que sur Internet, sur l'ordinateur, impossible de lancer quoi que ce soit. Cette bobine, c'est aussi tout ce cinéma (celui de Joel Silver) qui n'existe plus, remplacé par les navets Marvel et ses images de synthèse. The Nice guys est aussi un film politique (des auteurs).

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