jeudi 5 mai 2016

Starship troopers (Paul Verhoeven, 1997)

Would you like to know more? Les informations qui ouvrent Starship troopers (comme elles lançaient Robocop) annoncent immédiatement ce qu'est ce futur où se déroule le film de Paul Verhoeven (son meilleur film américain ex aequo avec Robocop). L'armée recrute fièrement ses troupes pour combattre dans une galaxie bien lointaine les insectes de Klendathu. Et soudain, un reportage en live, le journaliste commente devant la caméra, en tenue militaire, le combat en cours, les soldats passent devant et derrière lui, ils tirent sur un insecte géant, une sorte de punaise qui éventre le pauvre reporter. La caméra tombe devant le visage du héros. Lancement du flash-back, un an auparavant.

Le monde aura changé dans ce futur. Sans que cela soit jamais expliqué dans Starship troopers, la capitale du monde libre est désormais Buenos Aires. Ce déplacement géographique montre que l'impérialisme américain a pu conquérir l'Amérique du sud, l'hypothèse serait que le continent nord n'est plus vivable. Le soldat à terre vu plus tôt est Johnny Rico (Casper Van Dien), jeune étudiant qui a du mal à écouter son professeur (Michael Ironside). Il préfère, sur sa tablette, dessiner son visage et celui de sa bien-aimée Carmen Ibanez (Denise Richards), sous l’œil de sa rivale Dizzy Flores (Dian Meyer) qui s'amuse à draguer Johnny. Le cours suivant consiste à disséquer un insecte gluant et verdâtre.

Carmen est dégoûté par les viscères de l'insecte que Johnny manipule avec amusement, soulevant fièrement les intestins ennemis que les élèves doivent étudier. Ce que ces deux séquences au lycée montrent est tout simplement que Johnny Rico n'a pas la fibre étudiante. D'ailleurs ses notes ne sont pas bonnes. Quand le cerveau de la classe, le brillant étudiant admirateur de psychiatrie Carl Jenkins (Neil Patrick Harris) affiche les notes publiquement, celles de Rico sont faibles. Celles de Carmen sont très élevées. Ce sont deux destins qui vont évoluer en parallèle, Rico sera un simple bidasse, tout comme Dizzy, et Carmen sera amenée à diriger les vaisseaux spatiaux qui exige une solide formation.

La rivalité entre personnes intelligentes et celles plus aptes à la force physique est accentuée avec le personnage de Zander (Patrick Muldoon). Ce dernier a des vues sur Carmen et Johnny Rico est, bien entendu, très jaloux. Tout va se jouer par un match d'un sport ultra violent, une sorte de football américain en salle. Mais ce que Rico ignore encore est que Zander est l'instructeur de Carmen qui va apprendre à conduire les vaisseaux spatiaux. Ils auront beau s'échanger des lettres vidéos sous le regard goguenard des camarades, Carmen est à l'autre bout de la galaxie, Rico aura peu de chance de la revoir. Leur différence de classe sonne la fin de leur romance.

Denise Roberts a un très large sourire qu'elle offre à chaque scène, Casper Van Dien a de très beaux abdos et une gueule carrée. On les croirait sortis d'un clip d'un boys' band. Ces corps extrêmement sains et forts, Paul Verhoeven va s'amuser à les mutiler pendant tout son film. Il montre ce que la guerre coloniale et impérialiste fait de la jeunesse. Un aperçu a déjà été donné des blessures. Le bras amputé de Michael Ironside, le visage brûlé de Rue McClanahan, la prof de biologie aveugle, l'officier recruteur sur son fauteuil roulant auquel il manque ses jambes et ses mains remplacées par de l'acier. Voilà ce qui attend Rico, Dizzy et les autres simples bidasses.

Dans cette nation du futur que décrit Paul Verhoeven dont le nom est la Fédération, personne n'est égal. Loin de là. Il faut gagner son statut de citoyen. Cela passe par l'armée pour certains. Johnny Rico décide de s'engager, contre l'avis de ses parents, des gens fortunés qui espéraient une carrière plus brillante et moins risquée pour leur fils. Mais à l'armée, toutes les recrues sont traitées avec égalité, ce qui implique des douches communes, des dortoirs mixtes et des possibilités rapides de monter en grade. Les filles comme les garçons sont logés à la même enseigne et chacun, explique, nu comme un ver, sa raison d'avoir intégré les fantassins pour aller se battre à Klendathu.

Le corps est la matière première de Starship troopers. Il n'a de valeur que s'il peut se battre et porter une arme. Rico est responsable de la mort d'une de ses camarades. Il n'écopera pas d'une peine de prison, sa sentence consiste à recevoir des coups de fouets, torse nu, en place publique, devant les autres soldats. Le corps mort n'est d'aucune utilité pour l'armée, le corps blessé peut se réparer et ensuite servir. Ace (Jake Busey) reçoit un poignard en pleine main, il recevra des soins. Rico sera éventré, il passera quelques heures dans un liquide qui ressoudera ses chairs. Et tous pourront partir affronter les insectes géants cracheurs de flamme.

La guerre que filme Paul Verhoeven est sale et très violente. Elle est montrée dans toute sa crasse horreur. La polémique (éteinte depuis) à la sortie du film reposait à la fois sur l'extrême soin porté aux combats, tous subtilement graphiques, et sur les tenues des officiers largement inspirées des généraux de la Wehrmacht. L'archétype en était Carl Jenkins qui pratique la télépathie pour contrôler les esprits. Pour Paul Verhoeven, ce contrôle des esprits est comparable à la manipulation de la propagande télévisuelle des infos qui scandent le film. C'était celle de la télévision américaine de l'époque, celle de la guerre froide et celle d'aujourd'hui.
























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