dimanche 1 mai 2016

Le Journal de Yunbogi (Nagisa Oshima, 1965)

« Toi, Yunbogi, petit garçon de dix ans. Toi, Yunbogi, petit garçon de dix ans de Corée ». Cette phrase à l'adresse d'un petit garçon est scandée plusieurs fois par un homme que l'on verra pas. Cette voix off, dite par Hosei Kumatsu, c'est celle de Nagisa Oshima. Le cinéaste était parti en 1964 en Corée, l'ancienne colonie du Japon, pour se rendre compte des terribles conditions de vie de la population. En 1964, la Corée était un pays pauvre qui ne s'était pas encore remis ni de la colonisation ni de la guerre. Nagisa Oshima prend de nombreuses photos. Ce sont ses photos qui composent Journal de Yunbogi, 23 minutes de en noir et blanc, sinistres et poignantes.

Yunbogi est un gamin d'une dizaine d'années qui vit dans un taudis avec ses trois frères et sœurs. Son père est alcoolique et chômeur. Leur mère est partie, ne leur laissant rien. Plutôt que mendier, les gamins vendent aux passants du chewing-gum. Yunbogi parvient à peine à survivre quand il réussit à vendre quelques tablettes de chewing-gum et que la police ne le menace pas. Sur les photos, les enfants sont en haillons, les visages sont fermés, ils regardent l'objectif. La bande son mêle la voix du narrateur, celle de l'enfant qui écrit un journal à sa mère disparue et une musique aux violons déchirants. Dans ce film politique, Nagisa Oshima forçait le public japonais à regarder en face leur passé peu reluisant.















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