jeudi 7 avril 2016

Visite ou Mémoires et confessions (Manoel de Oliveira, 1981)

La légende : deux cartons ouvrent Visite ou Mémoires et confessions. « Manoel de Oliveira 1981 » suivi du titre du film en portugais « Visita ou Memórias e Confissões ». Un plan fixe dans un jardin, un générique décliné en voix off avec les membres de l'équipe technique et les commanditaires du film. Ce générique rappelle tout autant ceux des films de Sacha Guitry que celui du Mépris de Godard, soit une comédie et un film sur le cinéma, ce que sera, in extremis, l'ultime film du cinéaste. La légende, jamais contée à l'écran, c'est cette volonté de faire de se film tourné en miroir en 1981 qu'il ne sorte pas avant la mort de son créateur. 32 ans plus tard.

Les vivants : la premier partie du titre du film Visite, concerne la maison, vaste demeure que le cinéaste doit vendre après y avoir habité avec son épouse Maria Isabel, que l'on découvrira en train de cultiver ses très beaux dahlias rouges, et toute sa famille. La caméra, portée à bout de bras, filme les objets, les escaliers, les plantes, les meubles, les tableaux accumulés depuis 1942 par le cinéaste et son épouse. La maison est vide tandis que deux visiteurs (les voix off de Diogo Doria et Teresa Madruga) traversent toutes les pièces, tels deux fantômes que l'on devine dans le plan ultime.

Les morts : Manoel de Oliveira assis devant sa machine à écrire tape le découpage de son « prochain film » Non, ou la vaine gloire de commander (qui ne sortira finalement que 10 ans plus tard), il réfléchit à Angelica (qu'il ne fera que trente ans plus tard). Puis le cinéaste s'interrompt, tourne la tête et s'adresse directement au spectateur présent dans la salle. L'effet est troublant de voir le cinéaste de 73 ans décédé à 108 ans venir faire quelques confessions sur sa vie, sur la place de Dieu dans son parcours et sur la femme, sur ses amis, sa famille et sur Paulo Rocha.

L'histoire : d'abord mal à l'aise, Manoel de Oliveira se décontracte puis s'amuse à raconter ses mémoires, dans une forme d'autobiographie où les anecdotes se succèdent, depuis 1904 jusqu'à 2015, dans un vrai ton de comédie. Il présente des films, assemblages d'images personnelles et de films de famille. Visite ou Mémoires et confessions est aujourd'hui projeté en numérique, dans un beau DCP 4K, mais c'est très émouvant d'entendre à côté de sa voix le son mécanique du petit projecteur personnel, un son que l'on n'entend plus et qui a rythmé tant de spectateurs lors de séances de cinéma.

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