lundi 25 avril 2016

Time and tide (Tsui Hark, 2000)

Tout commence par une grosse beuverie. Les cheveux de Tyler (Nicholas Tse) lui tombent sur les yeux, le jeune chien fou sert à boire à Jo (Cathy Tsui) qui vient de s’engueuler avec sa petite amie. Ils se provoquent, chacun parie que l’autre n’arrivera pas à boire plus que l’autre. Ils ne se connaissent mais trinquent ensemble. Ils picolent tellement qu’ils continuent leur soirée par la case vomi. Puis finissent par coucher. Au petit matin, vaguement dessoûlés, ils comprennent ce qui s’est passé.

Ellipse de neuf mois. Jo est enceinte ce que Tyler ignorait. C’est la copine de Jo qui, après l’avoir larguée, l’annonce au jeune homme. Il décide de gagner de l’argent pour aider la future maman. Pendant dix minutes, le film fait croire qu’il pourrait être une comédie romantique, mais son rythme propre évacue vite l’idée même de romantisme. Le rythme de Time and tide suit celui de Tyler, rapide, inconséquent, spontané, désinvolte, impulsif.

Trouver un boulot qui rapporte. Tyler va voir Ji (Anthony Wong) qui a une boite de sécurité illégale. Tout le monde sera en costumes cravate. Tyler aura un pistolet en plastique, c’est le sous chef qui cherche à humilier ce petit jeune arriviste. Le récit prend un tout humoristique notamment quand une grosse cliente décrit son agresseur avec les traits de Ji puis quand Tyler lui sert de chauffeur et qu’il fonce en marche arrière dans les rues encombrées de Hong Kong.

Il est temps de passer aux choses sérieuses et d’en arriver à cette sacoche pleine d’argent dont tout le monde veut s’emparer, ce fameux McGuffin qui sert de fil narratif. L’important n’est pas de savoir comment elle arrive dans le récit mais qui l’a présentement, comment il va tenter de la conserver et qui veut s’en emparer. A ce jeu-là, Tsui Hark noie le spectateur sous un flot d’informations et un grand nombre de personnages.

L’un des personnages phares de Time and tide est Jack (Wu Bai). On le découvre lors d’une mission de Ji et ses hommes. Ils ont été engagés pour sécuriser l’anniversaire d’un riche homme d’affaires. Toute sa famille et tous ses amis sont réunis. Jack est le petit ami de Josephine (Candy Lo), la fille de l’homme d’affaires qui, telle une fille prodigue, revient pour cette occasion vers sa famille après avoir claqué la porte et voulu vivre une vie indépendante.

Josephine est enceinte de Jack qui s’avère, en public tout du moins, être un homme très discret, peu enclin à parler. Mais son passé est trouble et fait venir dans l’histoire toute une bande de sud-américains bien décider à trouver la sacoche de pognon. Lors de cette soirée, on tente d’assassiner le père de Josephine. C’est le lancement d’une suite ininterrompue de gunfights. Tsui Hark, dans les 45 dernières minutes, filme des scènes d’action comme on n’en voit rarement.

Les points de vue se multiplient, un vieux à l’air vicieux, un jeune avec des dread locks, quelques gars bodybuildés : chacun des snipers surveille le logement. Le temps semble parfois suspendu comme dans The Mission auquel on pourrait comparer certaines scènes de Time and tide. Mais la folie de la vitesse prend vite le dessus dès le premier coup de feu tiré qui va faire exploser l’appartement. Wu bai virevolte entre les étages de l’immeuble ou dans les escaliers.

La mise en scène inspirée du wu xia pian est filmée avec la furie de The Blade, comme si Tsui Hark cherchait à faire passer cette mise en scène au montage ultra cut au forceps. Puis la bataille rangée se transporte dans une salle de concert. Au programme de cette séquence finale et électrique, le morceau de bravoure est l’accouchement de Josephine. Tyler qui fait ce qu’il peut pour mettre au monde le fils de son ami Jack. Le film boucle son récit commencé avec la conception d’un enfant.















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