dimanche 24 avril 2016

Pee-Wee's big holiday (John Lee, 2015)

Faut bien l'avouer, personne ne se demandait où était passé Pee-Wee Herman. Depuis son scabreux scandale sexuel, il y a 25 ans de cela, Paul Reubens s'était fait très très rare. A part le rôle du père d'Oswald Cobbelpot dans Batman returns et une voix dans L'Etrange Noël de Mr. Jack, rien de signifiant. 30 ans plus tard, Paul Reubens revêt une nouvelle fois le costume étriqué de Pee-Wee Herman. Le plus incroyable est l'impression qu'il n'a pas changé physiquement depuis ses débuts chez Tim Burton. Pour bien le prouver, la (presque) première séquence est une déclinaison de celle de Pee-Wee's big adventure. Soit son réveil où toute une mécanique pour le sortir du lit, préparer son petit déjeuner et l'emmener au travail se déploie.

Le scénario de Pee-Wee's big holiday démarre avec l'une des plus improbables rencontres, celle de Pee-Wee et Joe Manganiello. L'acteur de True blood et Magic Mike (comme il le dit lui-même), plus connu pour sa plaquette abdominale que pour son jeu d'acteur, est censé jouer son propre rôle, ou peu s'en faut. Ils se croisent au restaurant où bosse Pee-Wee, se dernier confectionne le milk-shake au chocolat que commande Joe. Ils visitent ensemble la ville de Fairville qui semble n'avoir jamais bougé depuis la fin du mandat d’Eisenhower, une plongée historique dans l'univers WASP de Happy days. Pee-Wee affirme n'être jamais sorti de Fairville, Joe l'invite à son anniversaire qui aura lieu cinq jours plus tard à New York.

Le film se décline en un road movie où notre héros doit traverser tous les Etats-Unis. Le film ne serait rien si, au cours de son périple, Pee-Wee ne rencontrait que des gens normaux. Mais au contraire, son intérêt tient à la galerie d'invraisemblables marginaux et excentriques qu'il croise. Tout d'abord trois femmes tout droit issues du cinéma de Russ Meyer, créatures plantureuses qui kidnappent Pee-Wee. Ça continue avec un VRP vendeur de gadgets inutiles. Puis un fermier redneck père de neuf filles rondelettes. Il oblige Pee-Wee à épouser l'un d'elles. Quatre coiffeurs afro-américains drag queens. Une milliardaire extravagante. Ensuite un ermite des forêts qui « invite » Pee-Wee dans sa cave. Pour finir avec des Amish à qu'il apprend à faire du bruit.

Le comique du film repose, essentiellement sur un burlesque enfantin consécutif de la différence entre Pee-Wee, la candeur incarnée, et ses hôtes, si différents de lui. Cette opposition prend toute sa saveur avec Joe Manganiello. Il s'agit moins de leur apparence physique, la demi-portion face à la montagne de muscles que du scénario affirmant qu'ils sont l'objet d'un coup de foudre mutuel qui se scande par des séquences de rêve, purs fantasmes érotiques filmés au ralenti avec des paillettes par milliers. La séquence finale où les deux acteurs se rejoignent au sommet d'un immeuble, tels Cary Grant et Deborah Kerr, pour enfin sceller leur union est tout simplement hallucinante. Si Pee-Wee Herman a écrit ce scénario, ode au n'importe quoi, Judd Apatow a produit ce film, diffusé sur Netflix.

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