lundi 11 avril 2016

Les Visiteurs la révolution (Jean-Marie Poiré, 2016)

J'avais envie d'écrire quelques lignes sur Les Visiteurs la révolution, parce que, qu'on le veuille ou non, le film fait parler de lui, surtout en très mal. Cette histoire d'affiche, prouvant encore une fois la stupidité crasse du marketing, a oublié d'indiquer le nom d'un acteur, Pascal N'Zonzi. L'acteur avait joué face à Christian Clavier dans Qu'est-ce qu'on a fait au bon dieu, soit le père du fiancé de la dernière fille à épouser. D'ailleurs Les Visiteurs la révolution recycle deux autres comédiens de ce film, Frédérique Bel (à peine visible) et Ary Abittan (qui doit se contenter de la même réplique où il annonce son nom avec un grand sourire). Mais j'avais surtout envie d'en parler parce que j'aime beaucoup deux films de Jean-Marie Poiré qui syncrétisent parfaitement les années Mitterrand, Le Père Noël est une ordure (1982) et Mes meilleurs copains (1989).

Fidèle à sa méthode élaborée à partir de Papy fait de la résistance, Jean-Marie Poiré, 12 ans après le génialement nul Ma femme s'appelle Maurice, fait appel autour de Christian Clavier à beaucoup d'acteurs pour autant de personnages (sachant que Clavier incarne tout à la fois Jacquouille et son descendant vivant en 1793). Deux clans s'opposent. La noblesse en train de fuir (Karin Viard, Ary Abittan, Alex Lutz etc) et les révolutionnaires (Franck Dubosc, Sylvie Testud, Clavier etc) et entre les eux N'Zonzi et Marie-Anne Chazel dans les rôles des concierges et un Jean Réno éteint qui traverse le cadre débitant ses répliques d'un autre temps sans vivacité. Tous vont se rencontrer dans un hôtel particulier où les quiproquos théâtraux sont censés créer du comique. Des portes qui claquent, des personnages qui se cachent dans un montage cette fois moins pénible que ceux des films précédents du réalisateur.

Dans Les Visiteurs de 1993, l'humour fonctionnait essentiellement sur une idée d'anachronismes (langages, objets, comportement), confrontant deux époques avec un superbe sens du burlesque. 23 ans plus tard, rien ne crée du rire. Il faut dire que la période de la Terreur reste peu engageante et peu connue. Résultat : des gags sur les odeurs, donc peu cinématographiques, tant que l'odorama n'existe pas. Deux séquences se détachent. La première est une réunion avec les membres du Comité de Salut Public filmée comme un film d'horreur où chaque personnage historique (Saint-Just, Robespierre) menace son voisin de la guillotine. Chacun est filmé comme un monstre difforme et inhumain. On remarque que les acteurs principaux sont absents de cette séquence. La deuxième, dans le dernier quart d'heure, se déroule sous l'occupation rappelant Papy fait de la résistance. Sans équivoque, il assimile la France de la Terreur à la France de Vichy. Il n'est pas certain que Jean-Marie Poiré puisse tourner cette suite.

Aucun commentaire: