samedi 30 avril 2016

J'ai aussi regardé ces films en avril (partie 2)

Adopte un veuf (François Desagnat, 2015)
Sans doute la présence d'André Dussollier me pousse à le penser, mais Adopte un veuf c'est un peu Trois hommes et un couffin 30 ans plus tard. Sauf que c'est l'inverse, dans cette colocation parisienne et super bourgeoise, le veuf qu'est Dussollier, grognon et dévitalisé, accueille d'abord une blonde pimpante (Bérengère Krief) vaguement sans logement qui s'incruste chez lui et suggère de prendre deux autres recalés de la vie, un avocat séparé (Arnaud Ducret) et une infirmière timide (Julia Piaton). Comme on s'y attend, le trio enquiquine le veuf puis tout le monde s'aide mutuellement, chacun apporte ses qualités pour effacer les défauts de l'autre. Sympatoche et drôle, le film de Desagnat fils et frère des autres (il a déjà commis La Beuze et Les 11 commandements jadis) est à peu près 100 fois supérieur à Five chroniqué il y a quinze jours.

Mandarines (Zaza Urushade, 2013)
Encore (ou presque) une histoire de colocation, cette fois dans une maison perdue au fin fonds de l'Abkhazie, une province de la Géorgie. Ivo, un vieillard estonien établi là depuis des lustres et son voisin Margus, également vieux et estonien, sont restés là malgré le début de la guerre de 2008 et le départ de leur famille respective. Le premier fabrique des cagettes qui contiendront des mandarines que cultive le second. Ils vont soigner et héberger un mercenaire tchétchène, engagé par les Russes de Poutine, et un soldat géorgien. Dans ce beau paysage, ces quatre hommes vont tenter de cohabiter avec l'habituelle ritournelle des haines qui se transforment en amitié quand ils finissent par se connaître. Ivo sert de père à ces deux ennemis qui se comportent comme des gamins. Ce qui procure quelques scènes bien vues, souvent caustiques et assez drôles, car, oui, la guerre peut faire rire, jaune certes. La polyphonie des langues, chacun parle sa langue mais russe entre eux, ne cesse de dire, entre tension et moments d'humour, qu'une seule chose : quelle connerie la guerre.

Dalton Trumbo (Jay Roach, 2015)
Les frères Coen avaient traité à leur manière, légère et ironique, la chasse aux sorcières à Hollywood dans Ave César, Jay Roach, l'auteur des 3 Austin Powers évoque cette sinistre période de l'industrie du cinéma au premier degré et avec passion. Il faut d'abord s'habituer au fait que des acteurs inconnus jouent des acteurs très connus (Edward G. Robinson, John Wayne, Kirk Douglas), d'où leur nom donné en entier quand ils apparaissent à l'écran et des reconstitutions des films dans lesquels ils ont joué. Deux camps s'affrontent dans Dalton Trumbo. Celui du personnage éponyme incarné avec justesse par Bryan Cranston, scénariste communiste, et celui des anti-rouges dirigé par la cancanière Hedda Hopper (Helen Mirren géniale) qui menace tous ceux qui voudraient travailler avec Trumbo. Le film comporte deux parties, la première est consacrée à l'éviction des scénaristes communistes (parmi lesquels Arlen Hird joué par Louis CK) que Jay Roach filme platement, simples joutes verbales entre les protagonistes. La deuxième partie se focalise sur le retour secret à l'écriture de Trumbo. Là, le film est formidable dans sa manière de voir comment le scénariste dupe Hedda Hopper et ses partisans dans un jeu du chat et de la souris. John Goodman campe avec délice Frank King qui offre à Trumbo du travail dans une compagnie qui fait des séries B. Etonnement, il n'est jamais fait mention pendant les deux heures de Johnny got his gun.

10949 femmes (Nassima Guessoum, 2014)
Ces 10949 femmes en question dans le documentaire de Nassima Guessoum (fait en solo, avec une toute petite caméra), ce sont les moudjahidettes qui ont combattu pour l’indépendance de l'Algérie. La toute première d'entre elles était Nassyma Hablal, décédée en 2013, qui intègre le FLN dès 1955. Née en 1928, Nassyma est d'abord une femme qui a adopté le mode de vie français, avant de rejoindre les mouvements indépendantistes. Le film la suit 4 ans, dans sa maison d'Alger où elle ouvre le film en chantant, affirmant qu'elle aurait dû faire une carrière dans la chanson au lieu d'être résistante. Pleine d’entrain et de rires, Nassyma Hablal raconte sa vie de femme très indépendante, elle présente ses amies à la documentariste, elle lui fait visiter Alger. La dernière séquence la montre en train de discuter avec sa nièce qui sort bondieuserie sur bondieuserie. Nassyma est désespérée de constater que le colonialisme n'est plus celui des Français mais de la bigoterie.

Captain America Civil War (Anthony & Joe Russo, 2016)
Dans Austin Powers, l'action s'arrêtait régulièrement pour montrer les réactions des familles quand elles apprenaient que l'un des sbires et porte-flingues du Dr. Evil venait d'être tué. C'est vrai personne ne se soucie jamais du sort de ces figurants abattus par les héros. La nouvelle super production Marvel s'intéresse quant à elle aux victimes tombées sous les décombres des immeubles que les Avengers détruisent pour rendre la justice. Plus précisément, ce sont les membres des familles qui cherchent à se venger de Captain America (Chris Evans) et Iron Man (Robert Downey Jr). C'est évidemment un plan ultra machiavélique fomenté par un jeune Allemand (Daniel Brühl), et qui fait voyager dans une bonne dizaine de pays pour finir au fin fonds de la Sibérie, qui tient lieu de scénario. Comme dans l'album d'Astérix, il sème la zizanie. Mais comme dans Batman V Superman, il est assez pénible de supporter le caractère buté d'Iron Man qui ne comprend pas vite (pas futé le mec) que tout cela était un piège. Sans doute n'a-t-il jamais vu un film d'action ou d'espionnage ? Quel terrible manque de culture.

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