vendredi 15 avril 2016

J'ai aussi regardé ces films en avril 2016

Comme tous les ans, le mois d'avril est celui du grand calme cinématographique où les distributeurs ne sortent que ce qui est resté longtemps dans le placard (Le Fantôme de Canterville prêt depuis des mois). Avril, c'est les vacances donc que des films dits « de famille » à potentiel de haut box-office, c'est l'annonce des sélections cannoises, donc aucun film d'auteur ne sort attendant une éventuelle annonce, car il n'y a pas que la compétition où Frémaux invite toujours les mêmes cinéastes, il y a ces fameuses sections parallèles, Un Certain Regard, La Quinzaine des réalisateurs, La Semaine de la critique et également l'ACID et Ecrans Juniors. Une bonne cinquantaine de films. Pendant ce temps, le public se repose les yeux. En avril, tu ne découvres pas un film.

13 hours (Michael Bay, 2016)
Ce qui est pénible dans cette nouvelle ode à la gloire de l'armée américaine, c'est son extrême mollesse. Comme d'habitude Michael Bay confond la vitesse avec le rythme. La vitesse n'est qu'une impression alors que le rythme est une question de montage. Jamais le temps ne se confronte à l'espace. Soit deux lieux, l'ambassade américaine en Libye et le centre secret de la CIA séparés de 1,5 km et une durée, 13 heures pour les soldats pour se rendre de l'un à l'autre. L'heure est donné toutes les dix minutes pour rappeler ce compte à rebours, manière paresseuse de ne pas faire confiance au spectateur. Cette mollesse éclate lorsque les bidasses prient pour leurs conjointes et enfants restés au pays, c'est pour eux qu'ils se battent. L'habituel catéchisme néo-conservateur dans toute sa crasse bêtise.

Five (Igor Gotesman, 2016)
Cinq amis aménagent ensemble dans un immense appartement d'un quartier chic parisien (la ville n'existe pas en tant que telle, si ce n'est pour aller en banlieue). Le plus riche d'entre eux (Pierre Niney) paiera le loyer. Son papa a du pognon. Il en profite pour ne pas aller à ses cours de médecine et faire le comédien. Quand papa surprend l'entourloupe, il coupe les vivres. Le jeune con décide de vendre de la beuh. Attention, comédie pleine de quiproquos où on ne rit jamais, pleine d'obsédés sexuels qui sont en fait des cœurs tendres, pleine de vannes anémiques. Le pauvre Idrissa Hanrot n'a qu'une phrase de dialogue pour faire exister son personnage. Un film génération youtube.

Good luck Algeria (Farid Bentoumi, 2015)
Un problème : deux amis (Sami Bouajila et Franck Gastambide, duo qui fonctionne à merveille, drôle et tendre) ont des soucis avec leur entreprise de skis en bois. Une solution : se faire de la pub en devenant skieur pour l'équipe nationale d'Algérie au JO d'hiver de Turin. Dans cette histoire vraie inspirée par le parcours du frère du réalisateur, les obstacles à la solution ne manquent pas. L'épouse enceinte (Chiara Mastroianni) qui n'en peut plus de ne plus voir son mari, les parents qui couvent le fiston, les autorités olympiques algériennes qui les plongent dans un dédale kafkaïen, les incompréhensions mutuelles lors du séjour au Bled. Ce qui plaît dans ce feel good movie c'est d'abord qu'il évite le folklore à la Rasta Rocket (tant mieux), et surtout l'interprétation de l'ensemble du casting, et enfin que le réalisateur évite l'enfilage de clichés. Pour couronner le tout, on voit quelques plans tournés à Grenoble. Quel dommage que le film n'ait pas conquis un public plus nombreux.

Le Fantôme de Canterville (Yann Samuell, 2015)
Depuis que Kev' Adams est l'idole de la cours récré, Michael Youn a un peu de mal à récupérer son public. Ce n'est pas cette comédie gothique bien ratée qui va le faire revenir au firmament du public de moins de 12 ans. Le film est un succédané du cinéma de Tim Burton (Beetlejuice et Dark shadows), des humains s'incrustent dans une demeure peuplée de spectres. Même la musique est pompée sur celle de Danny Elfman. L'horreur dans cette panade, ce ne sont pas les deux fantômes (Audrey Fleurot qui se prend pour Eva Green ; Michael Youn qui s'en sort plutôt bien en larbin brimé, il a réussi à m'esquisser quelques sourires), non l'horreur ce sont les dialogues que l'adolescente débite. Chaque réplique veut faire jeune tendance vénère de banlieue tel qu'on peut les voir dans ces reportages sensationnels de la télévision.

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