mardi 22 mars 2016

Casque bleu (Chris Marker, 1995)

26 minutes sur le conflit en ex-Yougoslavie par la voix d'un soldat engagé dans la FORPRONU. François Crémieux est un casque bleu, parti 6 mois en 1994 à Bihać, une enclave au fin fond de la Bosnie-Herzégovine, lieu d'un siège qui dura trois ans. Le soldat a beaucoup à raconter, il a plein de choses à dire, Chris Marker est allé l'écouter, il en est remercié par François Crémieux qui dit qu'assez vite ses amis et sa famille n'en pouvait plus d'écouter tout ce qu'il s'est passé là-bas, il est content d'avoir pu être entendu pendant une heure. Casque bleu est le résultat de cette rencontre. Le témoin est filmé en très gros plan, dans une image décolorée, presque noir et blanc. Régulièrement, le témoignage est coupé par un carton noir avec un mot en blanc, qui agit comme une question, sans doute le résumé de celles de Chris Marker. Tout aussi régulièrement, une photo en noir et blanc avec des habitants de Bihać, photo tirée d'une pellicule. On ne sait pas qui est l'auteur de ces photos, probablement François Crémieux.

Et que dit-il cet homme, cet ancien casque bleu ? Il parle de manière très posée de cette aventure où jamais il n'a vécu aucun fait de guerre héroïques. Certes, il a eu peur face à des mercenaires ou des soldats, certes il a vu des morts, les premiers cadavres de sa vie. Mais, il raconte surtout l'ennui et la déception vécus pendant six mois. Le jeune soldat s'était engagé pour aller en Bosnie, parce que la paye était meilleure, mais aussi parce qu'il était persuadé de son engagement humanitaire, avec le soutien de l'ONU. Assez vite, il comprend qu'il ne fera rien, qu'il est uniquement là-bas pour la galerie. La barrière du langage ne permet pas de communiquer avec les habitants. Ses camarades soldats ne sont pas bien malins. Ses supérieurs voient d'une manière simpliste et raciste le conflit. Au fur et à mesure que François Crémieux narre son abattement et son incapacité à agir, il devient plus touchant. Il ne se lamente absolument pas sur son sort, d'autres personnes étaient plus à plaindre. La limpidité et la simplicité de Casque bleu balayent tous les clichés sur la guerre en Bosnie.








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