samedi 16 janvier 2016

Robocop (Paul Verhoeven, 1987)

Avant l'invention de la télévision, les actualités du monde contemporain étaient données dans les salles de cinéma. Paul Verhoeven reprend cet élément et l'intègre en ouverture de Robocop. Son idée est de donner des informations concrètes sur le monde qu'il entend dépeindre. Ni tout à fait le même, on est dans une sorte de science fiction, un futur très proche où la technologie des armes à pris le dessus sur le reste, ni tout à fait différent, le film se déroule à Detroit autant en proie aux gangs tueurs de flics que dans Le Flic de Beverly Hills. Les présentateurs de ce JT balancent quelques news sanguinolantes avec un grand sourire avant d'être coupés par des publicités (pour un jeu de société Nuken – guerre atomique, ou des cœurs en plastic).

Une ville en proie aux crimes, et particulièrement à l'encontre des flics. L'auteur de ces forfaits est un certain Clarence Boddicker (Kurtwood Smith) et sa bande, tous des affreux ricanant le sourire aux lèvres tels des hyènes. Paul Verhoeven, avec son sens constant de l'ironie, compare ces malfrats avec les dirigeants de OCP, une énorme corporation aux activités multiples. L'un de ces dirigeants, justement nommé Dick Jones (Ronny Cox) présente un cyborg censé enrayer le crime. Pas de chance, la machine grossière (à la fois dans sa conception et dans son animation) abat l'un des cadres. Il n'en faut pas plus à Morton (Miguel Ferrer) pour doubler Dick et proposer au grand patron son propre projet, un cyborg composé à partir d'un flic qui viendrait à mourir. Il a trois mois pour ce projet.

Ce cyborg sera créé sur le corps de Murphy (Peter Weller). Murphy est marié et père d'un garçon. Pour lui, il a appris ce mouvement circulaire pour ranger son revolver. Murphy est nouveau dans le commissariat situé dans le quartier où OCP veut construire un immense complexe de logements et bureaux. L'une des raisons pour lesquelles OCP veut nettoyer la zone. Le capitaine du commissariat (Robert DoQui) est forcément bougon, d'autant que ses flics menacent de faire grève, et lui assigne Anne Lewis (Nancy Allen) pour partenaire. Pas de chance pour Murphy, il se fait canarder par la bande de Clarence dès son premier jour de boulot, lors d'une patrouille de routine. Les salopards lui éclatent la main au flingue, puis lui font exploser le bras et finissent par le cribler de balles. Lewis ne peut rien pour le sauver. Murphy est déclaré mort.

L'une des plus belles séquence de Robocop est celle de la transformation de Murphy en cyborg, en ce personnage qu'est Robocop. Tout est filmé du point de vue de Murphy, un personnage mort qui ne dira pas un mot. Il observe les chirurgiens l'opérer, mais son regard est celui d'un écran d'ordinateur, pixelisé et quadrillé. Murphy voit le temps passer, il voit ces gens fêter la nouvelle année après un bon coup d'alcool. Comme l'arrivée d'un monstre dans un film d'horreur, Paul Verhoeven prendra son temps pour montrer Robocop, il s'agit pour lui de suggérer son existence pour enfin le montrer, non pas encore directement, mais dans un reflet de miroir. Le spectateur est comme ces flics du commissariat qui se pressent pour enfin découvrir leur nouveau collègue qui va, lors de ses premières patrouilles, débusquer les malfrats avec une redoutable efficacité.

Robocop est la propriété de OCP, ce qui veut dire qu'il n'existe plus en tant que Murphy, c'est compter sans sa mémoire qui va lui revenir comme un boomerang et sans compter sur Lewis qui reconnaît son geste pour ranger son revolver. Le temps de la vengeance froide comme un robot et viscérale comme le cœur de Murphy a commencé. Paul Verhoeven soigne particulièrement ses méchants, à la fois l'ignoble Dick Jones, homme d'affaires sans scrupule et véreux, que Clarence, à l'apparence de gentil bonhomme qui se voit défigurer au visage par Robocop. Il dépeint une société gangrenée par une idéologie totalitaire, par une télévision d'une rare stupidité et par un affairisme niant toute humanité. Cette société est certes futuriste, mais elle est autant une métaphore de Hollywwod qui a si mal accueilli le cinéaste que celle des Etats-Unis présidés par Ronald Reagan. Pour résumer : un chef d’œuvre de Paul Verhoeven.
















1 commentaire:

Tom Wilson bullit a dit…

Cher Jean,
Murphy est interprété par Peter Weller et non James Woods.