dimanche 17 janvier 2016

Psycho beach party (Robert Lee King, 2000)

Prendre un serial killer, le mettre au milieu d'une bande de surfers, et voir ce qui arrive. C'est en gros le projet de Psycho beach party, unique film (ou presque) de Robert Lee King qui reprend les codes des films des années 1960, et en tout premier lieu la mentalité de cette Amérique WASP et fière de ces valeurs. C'est ainsi qu'a été élevé Florence (Lauren Ambrose), jeune femme qui vit encore chez sa mère, Ruth Forrest (Beth Broderick), une femme élégante et moderne qui conduit sa Dodge. Florence n'a qu'une amie, Berdine (Dani Wheeler), un gamine à lunettes aussi coincée qu'elle. Sa mère héberge un étudiant suédois, Lars (Matt Keeslar) d'une grande politesse.

C'est une Amérique, et plus précisément une Californie, de la frustration sexuelle qui passe d'abord par les jeux de mots des dialogues, parler d'une saucisse fait penser à un pénis, puis par le mime, manger une glace évoque un acte sexuel. C'est tout un langage et son phrasé (qui passe mal dans les sous-titres) et un jeu de l'époque qui sont reproduits, notamment par Lars qui ignore le double-sens de ce qu'il dit mais il le dit à moitié nu les bras ballants. Mais Florence et Berdine ne parlent pas ce langage, on ne leur a pas appris. Innocemment, les deux amies sont tout simplement au drive in pour voir un film d'horreur fauché au titre invraisemblable. Sur l'écran, une femme à trois têtes puis une géante détruit la ville, dans le drive in, un meurtre est commis.

Une jeune femme est égorgée. Elle avait un bec de lièvre. Les meurtres continuent, c'est un surfeur qui souffrait de psoriasis. Puis un autre qui n'avait qu'un testicule. Ensuite, une jeune femme handicapée. La police met ses plus fins limiers sur l’enquête. Le capitaine de la police de Malibu est une femme, Monica Stark (Charles Busch, auteur de la pièce à l'origine du film), elle est assistée d'un policier nommé Cookie (Jenica Bergere). Le film entre dès lors de plein pied dans le mélange des genres, dans le sens de gender, comme on dit aux USA. Que l'inspectrice soit jouée par un homme n'est pas en soi un élément comique, car aucun personnage ne doute que l'inspectrice soit une femme, c'est un moyen pour pousser les limites de la différence (« Je ne suis pas différent », dira Yoyo).

Monica Stark soupçonne la bande de surfers que mène Kanaka (Thomas Gibson) d'être responsables du premier meurtre. Seulement voilà, deux autres surfers sont aussi assassinés. Cette bande est composée de Starcat (Nicholas Brandon) un étudiant en psychologie, Yoyo (Nick Cornish) et Provoloney (Andrew Levitas). Ces deux derniers passent leur temps à jouer sur la plage, à se chamailler, des chamailleries qui se transforment assez rapidement en caresses lascives et en jeux sensuels, sans que là aussi les personnages ne comprennent l'homo-érotisme qui les lie. Tous acceptent Florence dans leur bande et elle sera surnommée Chicklet (la poulette).

A l'exception de Yoyo et Provoloney, trop occupés à enlever leur chemise pour se badigeonner de crème, Chicklet devient le centre d'intérêt de Kanaka et de Starcat, et sans doute de Lars. Starcat est censé sortir avec Marvel Ann (Amy Adams), la jolie fille du coin. Mais il passe plus de temps avec Chicklet. Quand elle se rend dans la cabane du Kanaka, elle se transforme à la vue de cercles et devient Ann Bowman, une femme autoritaire et nymphomane, au grand plaisir de Kanaka, qui se soumet comme un gentil toutou. Il en profite pour l'inviter à la fête des surfers, espérant que ce sera Ann Bowman qui viendra et non Florence / Chicklet.

Les diverses personnalités de Florence sont l'un des hommages à ce cinéma américain des années 1950-1960, où la psychologie des personnages étaient le moteur de l'action. Il est amusant d'entendre Starcat sortir ses théories et de le voir psychanalyser Florence dans cette tenue (torse nu et en bermuda) et dans ce cadre (un surf à la main au bord d'une plage). Le cadre ne colle pas avec ses répliques et crée, logiquement, des effets comiques irrésistibles. C'est aussi l'abondance des références psychologiques (expliquer les déviances par les trauma de l'enfance) qui les portent vers l'ironie. Starcat aidera aussi Provoloney à soulager sa constipation grâce à la psychanalyse.

A une époque, le site nanarland avait chroniqué Psycho beach party, l'auteur n'était pas dupe que le cinéaste portait volontairement son film vers la série Z. Le film est un hommage fébrile à ces films de drive in avec l'arrivée dans le récit de l'actrice qui joue dans le film fauché vu en ouverture. Bettina Barnes (Kimberley Davies) vient se réfugier à Malibu. Bettina représente tout ce cinéma d'exploitation, ces films d'une heure de cette époque aujourd'hui revisités et parfois surestimés avec cette envie du spectateur de voir du kitsch pour s'amuser. Ces films, comme on dit, frôlent le bon goût sans jamais tomber dedans. Psycho beach party a été l'un des films pionniers de ce mouvement cinéphile.















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