mardi 19 janvier 2016

Les Frères Krays (Peter Medak, 1990)

Demain Tom Hardy jouera les deux jumeaux Kray dans Legend de Brian Helgeland. 25 ans plus tôt, Peter Medak et son scénariste Philip Ridley (la crème du cinéma indépendant britannique des années Thatcher) mettaient en scène l'histoire de Reggie et Ronnie Kray, nés en 1934 (dans le film). Ils étaient joués par deux frangins, Martin et Gary Kemp (qui ne sont pas jumeaux), membres fondateurs du groupe de pop Spandau Ballet (ah ! True et son solo de saxophone, toute une époque).

Avant que les frères Kemp n'apparaissent dans le film, Les Frères Krays s'attache à montrer leur enfance en commençant avec l'accouchement de leur mère Violet (Billie Whitelaw), dans une scène en noir et blanc. Entourée de ses sœurs et de sa mère, elle va élever ces deux jumeaux, des enfants qu'elle couve et qu'elle préfère à leur aîné Charlie. Violet est aveugle d'amour devant ses fils, disant en voix off en fin de film, qu'ils sont parfaits.

L'enfance se passe dans un quartier pauvre de Londres. Reggie et Ronnie vont à l'école où leur caractère impétueux les rend différents des autres élèves. Au collège, ils étonnent leur professeur de littérature en affirmant que crocodile est leur mot préféré. Leur tante Rose, qu'ils adorent, leur avait offert des jouets, des crocodiles articulés. A l'armée, ils refusent d'obéir aux ordres stupides de leur sergent. C'est dans la prison militaire qu'un homme leur dit qu'il aura besoin d'eux pour faire quelques coups fumants.

Et ces coups fumants de petite frappe, va les mener à diriger une boite de nuit dans le Londres des années 1960. Ils sont beaux dans leur costume cravate et font la fierté de leur maman qui ne quittera jamais son appartement, mais verra son train de vie augmenter. Ses fistons lui offrent des manteaux de fourrure et lui organisent de belles fêtes dans leur club select. Dans les coulisses de la boite, Ronnie fait régner la terreur à qui ose le contredire.

En revanche, dans la maison familiale, ce sont les femmes qui dirigent tout. Violet, la mère, n'a pas la langue dans sa poche. Son mari, qu'elle juge paresseux, n'a qu'à bien se tenir. Violet a deux sœurs, Rose et May, avec qui elle aime prendre le thé. Leur mère, qui affirme que les hommes sont des enfants, se joint à elles. Violet adore apporter du thé et des biscuits à ses fils lorsqu'ils tiennent des réunions à l'étage. Une salle pleine d'hommes à qui les jumeaux, surtout Ronnie, donnent des ordres pour faire tourner les affaires et supprimer les concurrents.

Les jumeaux sont des animaux au sang froid. Peter Medak use de la métaphore du crocodile pour appuyer la psychologie des deux frères. Reggie offrira même en cadeau de fiançailles une broche en crocodile et Ronnie aura comme animal de compagnie un serpent. Le cinéaste place des miroirs partout dans le cadre, pour bien illustrer son thème du double. Les jumeaux se regardent sans cesse dans les reflets, comme pour s'assurer qu'ils sont toujours deux même quand ils sont seuls.

Cette fiancée de Reggie s'appelle Frances (Kate Hardie), une fille de bonne famille. Son père voit d'un mauvais œil cette union. Ronnie a un petit ami, Steve (Gary Love), leur liaison est moquée par un des concurrents du gang. Reggie traite Frances comme une poupée, lui offrant robes et bijoux. Elle étouffe. Ronnie ne traite guère mieux Steve à qui il reproche son choix de chaussures ou de costumes quand bien même c'est son amant qui lui les a achetés, comme lui fait remarquer Steve.

L'épopée des frères Kray dure quelques années. Peter Medak observe avec acuité ces indigents devenir fous quand ils sont devenus riches. Ronnie et Reggie aiment se battre, parfois entre eux (ils s'affrontent sur un ring), souvent sans raison (Ronnie tranche la bouche d'un pauvre homme). Les scènes de baston ne sont pas les meilleures du film et les deux acteurs ont parfois un peu de mal à ne pas surjouer la colère. Si l'on est pas allergique aux symboles au cinéma, on y trouve son compte.


















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