mardi 26 janvier 2016

La Garçon et la bête (Mamoru Hosoda, 2015)

Je ne sais pas pourquoi j'ai tant attendu pour aller voir Le Garçon et la bête, pourtant, j'aime bien les autres films de Mamoru Hosoda. C'est en tout cas le meilleur film d'animation japonaise que j'ai vu depuis un bon bout de temps (largement meilleur que les derniers Ghibli). Et en plus, il prend comme schéma de base celui de Le Fils du désert de John Ford ou Tokyo godfathers de Satoshi Kon, un enfant pris en charge par trois marginaux.

Ce garçon s'appelle Ren. Il a neuf ans, sa mère vient de mourir et son père avait quitté le foyer familial depuis des années. Plutôt que d'aller dans une famille d'accueil (dont on verra jamais les visages de ses membres quand ils lui parlent de sa future vie chez eux), Ren préfère s'enfuir dans les rues bondées de Tokyo. En short et en t-shirt, le gamin erre, hurlant son désespoir au milieu des passants « je vous déteste tous ».

Alors qu'il se réfugie dans une impasse pour grignoter, il rencontre une créature minuscule, une petite boule blanche qu'il adopte et appelle Chico. C'est sa première étape vers le Merveilleux. Pourchassé par des policiers, Ren se cache mais il remarqué par la bête, une sorte de loup au pelage rouge qui a décidé de trouver un disciple parmi les humains. Ce loup s'appelle Kumatetsu, il est accompagné d'une autre bête, un singe nommé Tatara.

Il leur suffit désormais de passer de notre monde, ce Tokyo contemporain à celui des bêtes, tout aussi grouillant mais peuple uniquement d'animaux qui ont le don de la parole. Et à propos de langage, celui de Kumatetsu est des plus fleuris. Un caractère de feu, comme son pelage. La bête n'est pas commode, c'est au contraire un gueulard à la mauvaise réputation. Son ambition est de devenir le seigneur de sa contrée, Jutengai.

Son adversaire principal est un sanglier nommé Iozen, aussi calme que Kumatetsu est excité. Ce dernier défie le premier, mais il est rapidement défait dans ce combat où le loup géant se laisse dominer par son manque de concentration. Le seigneur de Jutengai, un lapin aux longues moustaches exige que Kumatetsu forme un disciple. Ce sera donc Ren, qui refuse dans un premier temps, et qui se fait renommer Kyuta.

La formation de Kyuta par ce gros patapouf incompétent de Kumatetsu procure de joyeux moments de comédie. La bête aidée du singe et d'un bonze à l’apparence de cochon (ces trois marginaux dont je parlais plus haut) vont aider, chacun à leur manière, Kumatetsu à faire de Kyuta un disciple. Qui est le plus immature des deux, voilà la question qu'on peut se poser tant le garçon comme la bête sont terriblement têtus et infantiles.

L'humour cède la place à un film plus sombre après un périple où le trio et le garçon rencontrent d'autres seigneurs. Kyuta grandit, devient adulte et ressent le besoin de revenir au Japon. C'est un nouvel apprentissage qui commence avec la rencontre d'une lycéenne, Kaede, qui lui apprend à lire (le film est un éloge de la lecture, notamment Moby Dick) et à vivre parmi les humains. Kyuta redevient Ren et tente de rencontrer son père.

Comme dans les films précédents de Mamoru Hosoda, La Traversée du temps, Summer wars ou Les Enfants loups, les deux univers s'interpénètrent, se répondent et se complètent. Cette fois, le cinéaste harmonise mieux les passages entre les deux mondes, tout comme les registres, comédies, aventures et action, rêverie et réalité. Et ce qui est extraordinaire dans ce film épatant et sans mièvrerie, c'est qu'on ne sent jamais les deux heures passer.

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