dimanche 6 décembre 2015

Regeneration (Raoul Walsh, 1915)

C'était l'époque où un gangster pouvait être le héros du film, explique Raoul Walsh dans son autobiographie Un demi-siècle à Hollywood (publié en 1976 chez Calmann-Lévy). Le cinéaste ajoute que Regeneration est le tout premier film de gangsters de l'histoire de Hollywood. Owen est sans doute un gangster, mais il a ses raisons. Le film commence dans le très pauvre quartier de Bowery à Manhattan où le gamin de dix ans est recueilli par ses voisins quand sa maman meurt. Et quels voisins, le gros compère est toujours soûl et balance le gamin à travers la pièce, la matrone, aussi obèse que son mari, est plus commode mais force Owen à faire de nombreuses corvées.

Après une nouvelle dispute de ses parents adoptifs, Owen s'enfuit du foyer. On le retrouve à 17 ans travaillant comme docker où ses poings le font rentrer dans un gang. Puis, le film, après une ellipse temporelle, retrouve Owen à 25 ans. Il sera désormais interprété par Rockliffe Fellowes, un acteur à la gueule de l'emploi, nez légèrement cassé et lèvres adipeuses, une tête qui rappelle celle de Marlon Brando jeune. Casquette vissée sur la tête, clope au bec, Owen est devenu un gangster et traîne avec sa petite bande de va-nu-pieds aux mines patibulaires qu'un procureur jure de mettre sous les barreaux. La pègre règne en maître dans le quartier.

La jeune mondaine paresseuse Marie Deering (Anna Nilsson) trouve que les gangsters sont d'une frivolité folle et souhaite en rencontrer. Le procureur l'emmène dans la boîte où les gangsters se retrouvent. Assez vite, les bourgeois sont malmenés par la bande d'Owen, mais ce dernier, qui a un bon fond, défend Marie et la sort de là. Elle va s'engager pour sortir ces gens de la misère en devenant bénévole. Owen va être emmené à côtoyer Marie, à l'aider quand des troubles se créent dans le quartier, et, forcément, ils vont tomber amoureux, même si le procureur estime que deux personnes de classes différentes ne peuvent pas s'aimer. Quand le malfrat Skinny s'en prend à Marie, on ne sait pas si Owen sera loyal à son gang ou s'il aidera sa bien-aimée.

Dans son autobiographie, Raoul Walsh, à qui la mémoire fait un peu défaut, notamment sur le finale où il confond deux personnages, raconte surtout le tournage d'une scène d'action monumentale, celle du bateau qui brûle lors d'une excursion. Il a dû déguiser des hommes en femme et faire face à la censure. Le cinéaste explique aussi avoir tourné son film en suivant les leçons de David W. Griffith, dont il fût l'assistant. Son premier long-métrage, après une vingtaine de courts, est très rythmé, mêlant allégrement la romance et l'action. On y trouve des larges mouvements d'appareil (la scène de la boîte qui commence par un gros plan sur les musiciens pour finir sur l'ensemble de la salle), chose rare à une époque où le plan fixe était la règle.











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